Fragment #109 – Corps à corps éperdu

22h22. Quand sonne le cor de ton arrivée dans le lit, je pars en chasse, traînant derrière moi le cortège des désirs et des pulsions que je renferme depuis mon départ au fin fond de la Bourgogne. Et même avant. Il y a tant de jours que je ne t'aie serré contre moi. Juste contre moi. Sans tes habits, sans les miens. Ton corps ondule sous mes caresses. Ton petit appartement où nous vivons en vase clos depuis plus de deux jours devient le théâtre d'ébats passionnés. Nous nous embrassons, nous enlaçons. Je m'accroche aux encorbellements de ton corps, tandis que tu transformes mon cornichon en un concombre de belle taille.
Sur la branche le corbeau de la mort s'envole. Vient se poser un cormoran. Blanc.
Il fait sous ta couette chaud comme à Cordoue en plein mois de juillet, lorsque je viens humer ton cou qui sent la coriandre. Dans cette pièce rouge cornaline de notre moite chaleur, je corromps chacun de tes mouvements aux miens. Tu es dépendante. Je te domine.
Tu écorches mon dos avec des ongles que tu plantes de plus en plus profond dans ma chair. Lorsque je te pénètre. Encore. Et encore. Tu aimes ça. Et encore. Pourquoi me l'as-tu refusé avant ? Et encore. Je ne sais pas quel record on s'apprête à battre mais il faut que je me repose.
Je te retourne sur moi, et me ressource au contact de l'écorce corsée de ton corps corrompu à mes baisers.
J'attrape le diable par les cornes, et correctement lui inflige la correction que le coriace mérite. Melissa. Nous jouons de l'accordéon avec tes draps. Le lit bouge avec fureur dans des accords majeurs de sexualité dévoilée.
Je serai corsaire sur les mers pour toi Calypso déesse des eaux. A cor et a cri je corrigerai le cap pour te transpercer à nouveau droit dans l'axe.
Ton cortex se tait sous les appels de tes reins qui m'étreignent. Puis soudain ton enveloppe corporelle se fait plus dur. La corporation de tes muscle se ressaisit et je suis éjecté. On s'assoit. On se regarde dans la nuit de plus en plus dense. Là où les ombres dansent. Les ombres de nos ébats qui continuent sur les murs leur tumultueuse corrida.
On s'endort. Elle dans mes bras. Moi l'enlaçant. Les deux collés par cette blancheur corrosive que j'ai expulsée.