Mirak
| Sujet: Fragment #2 - Face B 15.06.08 16:29 | |
| Jeudi 12 juin 2008 à Paris Nouveau réveil douloureux aujourd’hui. J’avais pourtant promis de ne plus me laisser embarquer dans les plans foireux de Marc. Mais entre la perspective de me coucher à une heure décente, comme les gens chiants qui travaillent, ont un chien et des gosses, regardent la télévision, mangent sainement et à heure fixe, ne fument pas et ne boivent pas, et celle d’une nuit d’excès et de scandale, le choix a été vite fait. Du moins en ce qui me concerne.
A peine remis de mes frasques de la veille, déguisé en fashion-victim tendance pédé très vulgaire et n’ayant rien mangé depuis vingt-quatre heures si ce n’est une vingtaine de cigarettes, j’ai donc retrouvé Marc et les autres dans un restaurant branchouille du Marais, où j’ai passé le plus clair de mon temps à critiquer la cuisine et me foutre de la gueule des folles avoisinantes. Simon, lui, n’a pas décroché un mot ni un sourire de la soirée (il me fait la gueule depuis que j’ai chopé le mec qu’il visait, il y a de ça un mois), Christophe ne comprenait rien, comme d’habitude, et Stéphane est arrivé tellement en retard qu’on avait déjà payé l’addition quand il a daigné se pointer. On avait tous des mines atroces, bref, un parfait début de soirée de merde. Pour ne rien arranger, sur le chemin vers le « Boudoir », on a rencontré Nicolas, un type que je déteste mais que Marc adore et qu’on a dû se farcir jusqu’à la fin de la soirée.
Ah, le « Boudoir »… je serais incapable de compter le nombre de soirées que j’y ai passées. Une véritable résidence secondaire, je me demande même si parfois je n’y passe pas plus de temps que chez moi. Et pourtant, ces deniers temps, ça ne marche plus. Ce soir-là, alors que j’étais dans la rue, en attendant d’entrer, j’entendais s’échapper par la gueule de cet antre de dépravation, au rythme intermittent des ouvertures et des fermetures orchestrées par le videur, une musique, qui, triste constat, n’avait toujours pas changé. Déjà envie de partir ; ça n’avait pas encore commencé. Même hôtesse d’accueil, même prix d’entrée, même conso, même musique, même décor, même endroit, mêmes mecs avec la moitié desquels j’avais déjà couché. Toujours cette atmosphère moite qui suinte des murs et des torses nus des pédales déchaînées sur le podium, toujours cette odeur mêlée de sueur, de fumée de tabac, et de mauvais alcool renversé sur le sol. Alors que je vais vers le bar pour tenter de m’occuper, un type qui m’a probablement déjà retourné il y a quelques temps me fait un signe. Mouais, ça occupera sans doute la fin de soirée, je me dis, et je commence à enchaîner les vodkas. Je n’ai pas les moyens, ni financiers, ni physiques, d’assumer cette avalanche d’éthanol, mais qu’importe.
Ca y est je suis soûl, et le poppers fourni par Marc a fait son effet aussi. Le type de tout à l’heure s’approche, me glisse une banalité qui me fait rire, mais ce qu’il ne comprend pas c’est que je me moque de sa médiocrité. Encouragé par ce signe mal interprété, il me fourre sa langue dans la bouche, je me laisse faire, après tout pourquoi pas, il ne se débrouille pas si mal, j’arrive plus à réfléchir, et sans que je comprenne ce qu’il se passe il m’entraîne dans le coin-baise, à peine séparé de la piste de danse par un rideau violet. Il me tripote le cul, je le dégage, pas envie de ça ce soir. Je le suce sans conviction, le finis à la main, et il m’en fout partout. Une espèce de rengaine débile me passe alors par la tête « le sperme c’est bon c’est chaud, le sperme ça colle à la peau », et cela m’évoque une chanson tout à fait politiquement incorrecte qu’on chantait chez les Scouts à propos de Vietnam et de napalm. L’incongruité de penser à ma période scoute dans ce contexte m’amuse beaucoup. Ma pauvre mère si elle savait… Tiens, j’ai oublié de la rappeler.
Ma mère ? Mais qu’est-ce qui me prend d’avoir des idées pareilles, là, maintenant ? Je me rends compte que je ne suis vraiment pas d’humeur à tout ça ce soir, et en plus il déjà quatre heures du matin ; je repousse le mec un peu violemment, remonte mon pantalon et me tire sans rien dire, il s’en fout, il a déjà trouvé à s’occuper avec son voisin. Je quitte la boîte sans prévenir personne, ils vont encore m’en vouloir, pas grave, je prends un taxi, je n’ai pas de quoi le payer, mais je connais un endroit où on peut facilement se tirer en courant sans problème.
Enfin, pouvoir retrouver mon lit, la tête qui tourne, je suis fatigué, infiniment fatigué, j’en ai marre de tout ça, s’sert à rien, j’bois pu, j’fume pu, j’sors pu… burps… Dodo. | |
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Bételgeuse
| Sujet: Re: Fragment #2 - Face B 20.07.08 16:45 | |
| Mort de rire pour la fin, tellement vraie : promis, c'était la dernière, tout ça tout ça... Et le lendemain, hop, on enchaîne ! Bref, comme déjà dit, j'aime bien le personnage, parce qu'il est excessif, parce que l'écriture est fluide et agréable, et parce qu'il m'intrigue : comment ça il n'a pas de tune ??? C'est sûrement moi qui ai mal suivi mais je croyais qu'il était riche ?? | |
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Mirak
| Sujet: Re: Fragment #2 - Face B 20.07.08 17:43 | |
| Victor n'est pas riche. Il sort d'une famille qui n'a aucune problème financier certes, mais il est avant tout un jeune qui vit avec un budget étudiant, quoique très confortable par rapport à d'autres. Mais son problème c'est que d'un côté il fréquente des gens infiniment plus "thunés" que lui, de l'autre il est, comme tu le dis, enclin aux excès répétés, ce qui fait qu'il se retrouve souvent à sec au milieu du mois ;-)
Dernière édition par Mirak le 20.07.08 20:52, édité 1 fois | |
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Bételgeuse
| Sujet: Re: Fragment #2 - Face B 20.07.08 18:45 | |
| Hum, ok, je vois. Merci de ces renseignements cher Mirak :cheers: | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #2 - Face B 20.07.08 18:46 | |
| Toutefois je pense que ce genre d'info aurait plutôt sa place dans des fragments, et non pas dans une explication annexe... | |
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| Sujet: Re: Fragment #2 - Face B | |
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