Fragment #115 – Nouvelle antre pour nouveaux muscles

14h13. Il fait beau ces jours-ci. C'est agréable.
« Tu peux prendre la voiture de ton père plutôt ?
- Oui si tu préfère.
- C'est surtout que je ne sais pas pour combien de temps tu pars, et je n'aime pas trop conduire sa voiture. »
A vrai dire, ce n'est plus sa voiture puisqu'il n'est plus là. Mais elle continue de s'appeler la voiture de papa.
« En plus je reprends le boulot à partir de lundi et j'aurai besoin de ma voiture pour aller travailler.
- Il n'y a pas de soucis je te dis. »

Je vérifie que j'ai bien pris toutes mes affaires. Je prends mon sac et le mets dans le coffre du Scénic. J'ouvre la porte du garage. Le soleil m'éblouit. Je m'installe. Je n'ai pas beaucoup de réglages à faire car j'ai à peu près la même morphologie que mon père. Je sors la voiture. Je fais un peu plus attention car ce n'est pas le même gabarit de véhicule. Je n'ai pour l'instant conduit que des petites voitures de villes – C3 et 206 – voilà maintenant que je me déplace en monospace. Je ne voudrais pas la rayer dès la première utilisation.
Je roule prudemment. L'intérieur sent un peu le renfermé pour n'avoir pas servi depuis plus d'un mois. Je me sens en sécurité. Le long du lac j'accélère. Le feu de la Chartreuse est rouge. Je ralentis et je m'arrête. Il passe au vert. Débrayage, première, accélération, et Broum ! Je cale. Je recommence avec plus de douceur. Je démarre.
C'est la plus grosse voiture que j'ai conduit, mais c'est aussi la seule essence. Mis à part les engins de la caserne. Mais j'y fais attention et je cale souvent.
J'arrive à Chenôve. Route de Beaune. Numéro 146. Clignotant. Je me gare sur le parking. Je descends, prends mon sac dans le coffre et ferme automatiquement toutes les portes d'une simple pression sur la clé.
Je pousse la porte, et m'adresse à la jeune fille derrière le bureau.
« Bonjour, je voudrais m'inscrire.
- Oui c'est possible, vous voulez quel genre d'abonnement ? Mois, trimestre, année ? Espace détente, espace musculation, les deux ?
- Je vais prendre juste musculation pour le trimestre d'abord.
- Très bien. Nom ? Prénom ? Age ? Adresse ? Numéro de téléphone ? »
Elle me remet une carte d'adhérent sur laquelle je n'aurai plus qu'à coller une photo.
« Et voici également la clé de votre casier. Elle sera à restituer à la fin de votre abonnement. »

Je peux courir seul et près de chez moi, ce n'est pas un souci, par contre, j'ai besoin de prendre davantage de muscle pour m'assurer une place au concours d'entrée à la Brigade. Et comme la salle de musculation ou j'allais avant à Plombières a fermé il y a six mois à cause d'un arbre qui est tombé sur le toit, je ne peux plus y aller. À ce moment là, la mairie s'est rendue compte que les installations n'étaient pas vraiment aux normes, et elle a décidé de ne pas réouvrir la salle. Je me suis bien mis à faire quelques pompes dans ma chambre, des abdos aussi. Mais ce n'est pas suffisant pour ce que je recherche.

Je pédale depuis une demie-heure, je sue à grosses gouttes. Tant mieux. Je descends du vélo pour boire un coup, j'essuie le siège, et me dirige vers l'un des six rameurs. Je m'assois et règle les sangles à mes pieds.
Je souffle fort, le matériel est silencieux, et une musique entrainante mais pas trop forte nous encourage. Nous c'est la vingtaine de sportifs, ou pseudo sportifs, qui sommes dans cette salle. On ne va pas se marcher dessus vu le nombre d'appareils et l'espace disponible. C'est Gérald qui me l'a conseillée. Il est venu là pour sa rééducation et sa remise en forme après qu'il se soit fait opérer du genoux.
Je rame toujours. Je sens travailler mes cuisses, mes bras, et surtout mes abdos.
L'eau de la douche coule chaude sur mon corps relaché. C'est bon.