Fragment #122 - Dans son antre

Lilian m’a invité à boire un verre chez lui. Enfin, chez eux. La porte s’ouvre. Je pénètre dans l’antre de Julian et de son frère. Tout y est à sa place, finalement. Lilian m’invite à m’asseoir sur le canapé. Il me demande ce que je veux boire. Je lui demande un gin-tonic. Il me dit que je n’y vais pas avec le dos de la cuiller. J’acquiesce.
« Tu prends quoi, toi ?
- Un jus d’orange.
- Ah oui, tu es mineur ! Allez, fais-toi plaisir.
- Le jus d’orange, c’est ce qui me fait plaisir.
- Okay, j’arrête de te saouler. »
Il vient se rasseoir a côté de moi et me regarde dans les yeux.
« Tu ne me saoule pas. »
Mais son regard se détourne immédiatement.
« Qu’est-ce qu’il y a ? Je te fais peur ?
- Non. Je… rien. »
Je lui demande alors de me parler un peu de lui. Il me dit qu’il a eu une copine, Daphné, mais qu’il n’est plus avec elle.
« Ah. Pourquoi ?
- Je… parce que… C’était en février. J’ai un peu stressé avec les cours, le boulot et tout ça. Ça a pas tenu le coup. Et toi alors ?
- Eh bien tu vois. Jonathan. Jonathan, c’est fini, disparu, gone away.
- Pourquoi?
- Euh… C’est compliqué. On ne s’entendait pas.
- Pourtant, Julian…
- Je ne l’aime plus, voilà. »
You bloody liar, what’s happening in your dead head. Have you lost the faculty of love? What’s happening with you, darling?
Tais-toi. C’était plus possible, il m’étouffait.
Don’t be ridiculous. He loved you.
Je regarde Lilian. L’imagine nu. Cet adolescent est magnifique. Les traits si fins de son visage laissent présager un corps sculpté par les grecs.
Je pose ma main sur son bras, discute de choses et d’autres. Mon pied se rapproche du sien, entre en contact. Remonte un instant le long de sa cheville. Le regard dans le vide, il me répond. Ses épaules se soulèvent. Crispation. Je le regarde dans les yeux. Il me regarde aussi, puis détourne un temps ses pupilles.
Instant de flottement ou ma bouche se rapproche de la sienne. Zoom in sur les muqueuses. Rapprochement des rouges. Le temps s’étire alors que je me rapproche de son visage.
« Attends ! »
C’est sa voix qui m’a arrêté dans mon élan.
« Qu’est ce qu’il y a ?
- Je… je n’ai encore jamais embrassé un garçon.
- Ah… et… tu as envie ? là ?
- Oui… enfin je crois.
- Alors ne te gène pas. »
Nos bouches se rapprochent. Ralenti. Contact. Explosion sucrée. Moiteur. Je m’éloigne à nouveau.
« Alors ? »
Il ne me répond pas. Il se rapproche sans prévenir de ma bouche à nouveau, tout en douceur. Ma langue entrouvre alors ses lèvres, et vient visiter sa cavité buccale, jouant un temps avec la sienne. Ma main remonte sous son t-shirt. Sa peau est douce, je remonte le long de son dos. Nous nous collons de nouveau l’un à l’autre, puis dans un geste, nous enlevons nos t-shirts respectifs. Ses bras me rapprochent encore de lui, serrant nos poitrines dans un étau. Frottement sensuel des chairs.
C’est alors que la porte s’ouvre. Julian entre. Il nous regarde.
Regarde-moi, Julian. Vois ton image blessée, adulée enfin. Pénétrée de mes crocs de loups. Mes lèvres se resserrent sur celles de Lilian.
Je ris intérieurement. But aren’t I the one trapped in your image? Fascinated by your twin?
Lilian me repousse, géné.
Julian s’en fout. Il fait quelque pas, pousse la porte de sa chambre, et quitte notre espace.
Lilian se rhabille. Je me sens forcé de faire de même. Je finis mon verre d’une traite, me lève.
« Bon, je crois que je vais y aller. »