Fragment #119 – Contre la torture

12h48. Je savais que c'était aujourd'hui, et ils en parlent aux informations pendant que je mange. C'est sur France 3. Un reportage est diffusé sur la situation en Tunisie. Aujourd'hui c'est la journée mondiale contre la torture. S'il n'y avait que la Tunisie à blâmer. Soupir.
Que dire des camps de Guantanamo, ou de ces bases militaires américaines où sont enfermés des milliers d'innocents ou non. Si ces hommes et ces femmes étaient seulement enfermés il n'y aurait presque rien à redire. Mais ce n'est pas tout. On ne sait pas ce qui se passe réellement dans ces prisons clandestines. Ces êtres humains enfermés en toute illégalité par des autorités qui nient tout en bloc, subissent à coup sûr la torture. Humiliations, atteinte à l'intégrité et à la personne physique sont leur quotidien. C'est ainsi que la CIA, les services secrets asiatiques, les milices du Proche Orient obtiennent les renseignements désirés. Combien sont en réalités faux ? La plupart à mon avis. Et quand bien même. On aurait dû faire signer les accords de Genève à tous les gouvernements. Mais ça devient compliqué dans des pays comme la Birmanie où les autorités empêchent toute entrée sur leur territoire aux étrangers. Ils pourraient très bien ratifier le traité, pour une image de marque. Mais n'en rien agir. On ne pourrait vérifier. Amnesty International qui s'occupe des contrôles ne trouverait que ce qu'on lui montrerait. La seule prison contenant les seuls prisonniers bien traités. Ce ne seraient d'ailleurs sûrement pas de vrais prisonniers. On grimerait une situation. Et sans n'y voir que du feu, les gens venus contrôler se verraient contraints de notifier que tout va bien.
Pourquoi imaginer un tel scénario alors qu'il y a déjà tant à regretter de ce qui se joue actuellement de l'autre côté du globe ? En tout cas loin de moi, occidental que je suis. Loin mais toujours trop près.
Je prends comme un coup de poing dans les côtes à me couper le souffle rien qu'à penser à ces pauvres gens. Je me sens comme lié à eux par un élan de solidarité libératrice. J'ai l'âme du défenseur de la liberté et des droits de l'Homme. Pourfendeur de ces valeurs je suis là, viens te battre je t'attends. Et si par mégarde tu t'égares en mon domaine prend garde à toi. Évidemment je ne suis pas de taille à lutter seul contre une armée de Khmer rouge, de soldats américains, de marins russes, de policiers chinois. Mais j'ai envie d'agir. Je ne sais pas encore comment. Mais je sais qu'un jour je les aiderai. Je les aiderai ces gens que le bonheur a oublié. Tenez bons. Je trouverai comment vous délivrer. Restez dignes. Mon bras libérateur sauvera l'humanité d'un joug qui a trop longtemps sévi.
Je me sens fort, comme chargé d'une mission, d'une responsabilité supplémentaire. C'est humanitaire.

Mes pâtes ont refroidi, et même la miss météo ne les réchaufferait pas malgré son décolleté chaleureux.
Bibibibibibibibibibibipppppppppp.....
Je lâche ma fourchette et sors en courant. Je laisse claquer la porte derrière moi.