Altaïr
| Sujet: Fragment #435 – Memento 28.06.08 1:32 | |
| Samedi 28 juin 2008 entre Paris et Montpellier La nuit va tomber peu à peu. Me voilà donc dans le sud de la France, non loin de la mer. Je peux sentir le vent marin et son odeur de sel, la douceur sèche d'un climat dépaysant. Je n'ai pas de sac, pas de téléphone, rien pour me changer. Je ne sais déjà plus pourquoi je suis parti, car je ne vis que pour le présent. Je ne veux pas regarder en arrière, car je ne reviendrai pas. Jamais. Il m'abandonne à Montpellier. Me souhaite bon courage pour ce périple sans but qui m'attend. Je lui réponds par un clin d'œil et poursuis mon chemin à pied. Je ne connais pas cette ville, mais peu importe. La frontière est proche. Une fois là-bas, j'aurai besoin de toi pour traduire et parler pour moi. En ce cas je prendrai le contrôle à mon tour. Nous verrons. D'où te vient cette facilité avec le castillan ? Je pense que tu le découvriras tôt ou tard... A mon avis, il est hétéro à 100%. Inutile de tenter quoi que ce soit. Ce n'est pas qu'il soit beau, je n'aime pas ce genre de type qui oublie de se raser et garde les cheveux longs, presque sales, et des habits de saltimbanque. Je n'appartiens pas à ce monde. Pourtant, m'envoyer en l'air avec l'autre conne m'a excité, et j'ai très envie de poser ma main sur sa cuisse pour voir sa réaction. Un type s'arrête et m'invite à monter dans sa voiture pourrie. Je fige un masque de mépris sur les traits de mon visage, afin de lui faire sentir mon dédain pour son attitude « cool ». Il s'appelle Jérémy. Me propose un joint. J'accepte sans un sourire, mais l'herbe m'égaille et me détend. Je me mets à parler et à rire avec lui, comme si nous étions amis depuis toujours. Je ne sais pas où je suis, je ne me reconnais pas. C'est délicieux. Mon chemin se poursuit. La salope ne m'a même pas emmené jusqu'à Montpellier, et aucune voiture ne s'arrête. Vous ne voyez pas comme je suis mignon ? Vous pourriez m'avoir à côté de vous durant votre trajet, est-ce que ça ne vous plairait pas ? Je maudis ces connards d'automobilistes, les camions, et les motards. Ca me fait du bien de haïr les gens et de me sentir infiniment supérieur à eux. Ca me défoule. Je suis en train de la baiser dans sa voiture, sur un chemin de campagne, à l'orée d'un bois. Elle gémit comme une ado, c'est jouissif. Le feu sauvage se répand en moi et je deviens une véritable furie, une bête, elle couine de douleur plus que de plaisir, mais elle aura au moins de quoi fantasmer désormais. Ce doit être agréable de se taper un minet de vingt et un ans comme ça, pas vrai ? Tu fais ça souvent ? Ca t'a plu ? Silence. Je descends de la voiture. Pas un merci, pas un au revoir. Virginie a trente neuf ans et deux enfants. Son mari a été muté en province et elle se tape le trajet tous les jours depuis qu'ils ont déménagé. Je parle peu de moi. En gros, je suis célibataire et en recherche d'emploi. Parisien depuis peu, mais j'ai envie de découvrir de nouveaux horizons. Je suis un aventurier, je n'ai peur de rien. Regard en coin. Virginie est bien conservée, mais elle a quand même le double de mon âge, ou presque. La route est brûlante, le soleil m'aveugle. Je marche, chemise ouverte, en plissant les yeux, pouce tendu en direction du sud. Une voiture s'arrête -forcément, vu mon physique, les gens sont assez fascinés- baisse la fenêtre de sa portière. C'est une femme, la quarantaine, elle me demande où je vais. « En Espagne », je réponds. Elle me propose de m'avancer jusqu'à Montpellier. Je lui décoche un sourire charmeur et monte à bord. Je m'arrête dans un petit bar pour emprunter les toilettes et me nettoyer le visage. Inutile de ressembler à un ramoneur sur les routes, surtout si je compte faire du stop. On va où ? Je propose l'Espagne. Quoi ? Mais je n'ai rien à faire là-bas, arrêtez ! Je vote pour l'Espagne également, désolé. C'est la démocratie... Vous n'êtes pas réels, vous n'êtes pas réels, mon dieu faites que ce soit un cauchemar... C'est un peu facile, non, de croire en Dieu quand on a besoin de lui ? Il le fallait. Nous t'avons laissé seul quelques mois, tu as prouvé une fois encore que tu ne savais pas agir sans nous. C'est faux ! Ah oui ? Et si nous n'étions pas intervenu, est-ce que tu sortirais encore avec un type capable de te tromper avec cette grosse catin ? Nous avons décidé que la majorité déciderait désormais du destin de l'ensemble, et à deux voix contre toi, tu n'es plus en mesure de garder le contrôle. Le jour se lève. Je parviens à échapper à leurs brancards, car le feu a gagné un autre appartement et mis en danger toute une famille. Je cours dans les rues du Kremlin, le visage noirci, l'air hagard, la toux rauque. J'ai l'impression que j'ai avalé des kilotonnes de fumée et que je vais dégueuler mes poumons sur le macadam. Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? Le jeune pompier me plaque un masque à oxygène sur la bouche. Des cris surgissent un peu partout, mon regard brouillé va et vient d'un visage à l'autre. Qu'est-ce qui s'est passé ? J'essaye de me relever, mais le garçon me maintient de ses mains puissantes. Ma vue redevient nette, je vois l'appartement noirci. Il fait nuit, la rue est en alerte. « Restez calme monsieur, restez calme. » Non, je ne veux pas rester calme. | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #435 – Memento 28.06.08 20:27 | |
| Encore preum'z
J'ai vraiment cru qu'il s'en allait. Mais je suppose qu'il va s'n aller du coup. Au moins à cause ses autres personnalité. un peu comme une vision de l'avenir ce "rêve".
A dans plusieurs mois alors... | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #435 – Memento 12.07.08 2:58 | |
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Alsciaukat
| Sujet: :) 16.07.08 13:03 | |
| J'ai adoré ce frag :) Vraiment bien construit, bien écrit, tout ça ! Très joli, je saurais pas trop décrire... Mais bref terrible. | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #435 – Memento 17.07.08 13:44 | |
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| Sujet: Re: Fragment #435 – Memento | |
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