Samedi 25 juillet 2008
Dijon, Paris et entre les deux.
20h19. Nos valises derrières nous. Lui sur les roulettes moi sur mon dos. Nous montons les marches menant aux quais. Nous répétons encore une fois ce que chacun a pris pour être sûr de ne rien oublier. Nos papiers d'identité, des habits, nos billets de train. On a tous les deux été retirer de l'argent. Et on ne part pas complètement à l'aventure. Paris ce n'est pas le bout du monde. C'est simplement un bout de monde que l'on croyait connaître ; il a été remplacé sur la carte dans nos têtes par un gros trou. Un vide, une zone inconnu. Depuis que Julian y a disparu c'est devenu une terre hostile, une jungle grouillante. Que s'est-il passé pour que Julian disparaisse ? A-t-il disparu ? Où allons-nous le retrouver ? Dans quel état ?
Le temps que je me pose toutes ses questions et la voix si aigrelette des haut-parleurs de la SNCF s'adresse à nous.
Le TER numéro 368957 à destination de Paris Gare de Lyon va partir, attention à la fermeture automatique des portes. Nous partons vers l'inconnu. Notre Amérique à nous. Pour un voyage dont on ne connaît pas la fin, une aventure au dénouement inconnu. Nous sommes assis côtes à côtes, nos sacs en face de nous. Pour un voyage de quelques jours j'ai tout de même un gros sac plein de vêtements, un sac à dos plein de petites conneries genre baladeur, paquet de gâteaux, bouquin, paquet de chewing-gum, couteau, lampe torche, lunettes de soleil, mini trousse de toilette, stylos, etc... Il y a aussi les incontournables dont je ne me sépare jamais depuis que j'ai intégré la caserne : une paire de gants à usage unique, et des compresses stériles ; je doute que ce soit vraiment utile mais il restait de la place dans mon sac à dos et on ne sait jamais ce qui peut arriver. J'ai également une mini sacoche en bandoulière avec mon portefeuille, mon porte-monnaie, mon briquet, et la carte de tarot que Lilian m'a offert.
Lilian s'est endormi. Il a raison, il va nous falloir des forces, je devrais en faire autant. Mais je n'y arrive pas. Comme c'est lui qui est contre la vitre et qu'il dort, je change de place pour regarder le paysage. Je vois mourir le soleil derrière l'horizon. Il n'y a pas grand monde dans le wagon, je suis un privilégié devant ce spectacle de la nature. Même s'il file à vive allure, le train me laisse entrevoir à travers ses vitres les forêts, les champs et les étoiles dans la nuit naissante. La lune est gibbeuse décroissante. Dorée, finement découpée, perdue dans ce noir bleuté. Melissa je pense à toi.
Je reconnais le quai, je reconnais les voies, les bruits de cette gare. Je reconnais aussi le parvis avec l'absence de Laura.
Il est presque minuit lorsque nous frappons avec nos valises à la porte de son appartement, au 12 rue de la Folie Méricourt. Je reconnais le canapé et ses cheveux long. Je reconnais la télé et le salon. Je reconnais l'entrée et Simon en caleçon.
Après nous être réunis quelques instants autour d'une tasse de thé à la menthe, racontés nos derniers jours, nous allons nous coucher. Eux dans leur chambre, nous sur le canapé déplié.
Heureusement qu'elle est là, sinon je ne sais pas où nous aurions dormi.
Bonne nuit Laura.
Bonne nuit Lilian.
Bonne nuit Mélissa.