Bellatrix
| Sujet: Fragment #13 - démons cachés 27.08.08 15:53 | |
| Mardi 19 décembre 2006 à Bruxelles Je rêve là ? Où le bruit assourdissant que j’entends ressemble à celui d’un aspirateur ? Non, non, non… Déjà que je dois squatter le canapé depuis cinq nuits pour le bien être de ma chère maman et de son mal de dos, là ç'en est trop ! Je n’ai vraiment pas envie d’ouvrir les yeux. J’attrape le coussin et l’appuie fermement sur mon oreille soumise à rude épreuve par ce son matinal qui m’incommode. Je n’ai même pas idée de l’heure qu’il est. J’imagine qu’il doit être aux alentours de sept heures du matin. Heure à laquelle elle se réveille depuis qu’elle est arrivée. Son horloge interne est bien réglée, ou alors c’est le début de la vieillesse qui l’empêche de faire des grâces matinées. Mais ça ne m’arrange pas du tout. C’est mon dernier jour de congé et je ne peux même pas en profiter. C’est casse pied les mères. Heureusement, il ne reste que quatre jours avant son départ. Elle aurait dû me prévenir de son arrivée. Et cette prise de tête avec papa ne légitimait vraiment pas son voyage à Bruxelles. Il a essayé de l’appeler plusieurs fois mais elle n’a jamais répondu. Maman silencieuse, secrète. Elle ne se confie pas. Elle ne parle que du superficiel. Elle garde tout pour elle et souffre en silence. Tout ce que j’ai pu entendre de ses bribes d’explication était que l’Egypte n’était pas son pays, qu’elle avait du mal à s’adapter, qu’elle en avait marre de se faire remarquer par le blond de ses cheveux. Et bien sur, que sa petite fille lui manquait terriblement. Moi aussi maman tu me manques au quotidien, mais je suis grande maintenant, il faut me laisser m’envoler sinon je n’y arriverai jamais avec toi constamment à mes côtés. Je me souviens de la première fois où j’ai pris l’avion toute seule pour aller voir papa qui travaillait au Caire, l’avion avait eut treize heures de retard et j’étais coincée à Zurich, j’avais douze ans. Livrée à moi-même, je me sentais grandir. Fini les caprices d’une enfant gâtée, fini les pleurs dans les bras de maman. Et j’étais heureuse de cela, prête à affronter le monde duquel elle a su si bien me protéger. Mais c’était sans compter sa folie. Sans compter son inquiétude grandissante au fil des minutes. Et je l’ai vue arriver, là, à l’aéroport de Zurich. Elle avait prit le premier avion, pour me tenir compagnie, pour nourrir sa fille, pour la cajoler, comme un bébé, comme elle l’a toujours fait. M’empêchant de m’envoler… « Excuse moi ma chérie, je t’ai réveillée ? - Ben… un peu oui… - Ta chambre est une porcherie, il fallait bien que je fasse quelque chose, mais comment tu fais pour vivre avec de la poussière comme ça tout autour ?! - Maman, arrête, pas maintenant s’il te plaît, je suis crevée… - Bon… » Elle se pose sur le canapé, l’air dépité… Mais qu’as-tu ma petite maman ? Que se passe t-il dans ta tête emprise à des démons dont j’ignore l’existence… Elle me regarde, en silence, ses yeux vert émeraude remplis de ce liquide qui d’une minute à l’autre, si elle ne parvient pas à se retenir, va se transformer en larmes chaudes, brûlantes, et exploser et couler le long de ses joues… « Mais maman, tu pleures ? » | |
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