Lundi 25 août 2008
à Dijon
16h30. Nous allons nous installer au Dionysos. Demandons deux cafés à Lullaby, et étalons nos maigres résultats de recherche. Je pose également mon briquet et la lettre de Laura sur la table pour compléter notre butin, en espérant que ça nous donne des idées supplémentaires. Mais il vaut mieux se taire, car il n'y a rien à se dire. On se comprend sans se parler alors autant ne pas déranger les gens autour de vaines conversations.
Lui non plus n'a rien trouvé de concret. Oh bien sûr les belles histoires mystérieuses fleurissent sur Internet, mais il nous faut plus qu'un conte de fée pour retrouver Julian. On discute donc de tout et de rien pour combler le manque que nous avons nous même construit. Ce manque d'information que nous avons créé. Mais Julian revient toujours dans la conversation, j'aimerais vraiment être en mesure d'aider Lilian à la retrouver. On voit sur ses traits fatigués que cette disparition le travaille. Il se fait du souci, ce qui est compréhensible et logique. Encore une fois je pense à Laura, même si on n'a pas toujours su où elle était, je suis heureux qu'elle se soit enfin posée à Paris et que l'on sache où la trouver.
« En plus, depuis qu'il est revenu d'Italie l'été dernier, il ne va pas bien. »
J'essaie de relativiser en répondant qu'il avait l'air de plutôt bien se porter quand je l'avais vu à Paris pour le film de Laura ; mais sans grand succès.
« C'est dans la tête qu'il ne va pas bien. Julian est malade, et on sait même pas ce qu'il a.»
C'est vrai que c'est une raison supplémentaire de se faire du souci. Une disparition n'est jamais anodine, mais celle d'un déficient mental peut devenir dangereuse. Perdu il pourrait se sentir agresser par la moindre chose nouvelle et devenir violent, où pire il pourrait se laisser dépérir loin de ses habitudes.
Je préfère ne plus y penser et reprendre entièrement part à la conversation silencieuse que nous échangeons dans de simples regards. Julian est peut-être fou. Fou de cette folie que j'ai longtemps espéré pour moi-même, cette folie qui ne s'est pas emparée de moi. Mais pas un déficient mental, c'est trop fort comme appellation.
Nous commandons deux nouveaux cafés.
Comme il fait beau dehors, le bar est plutôt vide et Lullaby s'ennuie derrière son comptoir. Je n'ose pas demander pourquoi Dimitri n'est pas là. Il doit vraisemblablement avoir pris ses congés annuels.
Nous relisons encore une fois, ce que nous avons imprimé, pour nous occuper plus qu'autre chose. Peut-être aussi pour avoir l'impression de chercher Julian entre ces lignes pleines de magies.