Fragment #3 – Le sommeil ne vient pas

Dehors, le vent se fait angoissant. Je me tourne et me retourne sans cesse sous la couette. Simon, agacé, finit par allumer la lumière et me regarde, les yeux ensommeillés sous ses cheveux décoiffés. Je me recroqueville, penaude, sur mon oreiller, afin de l'amadouer.
« Tu as tes règles ? me demande-t-il avec finesse.
- Haha, très drôle Simon.
- Tu as envie de faire des trucs cochons ?
- Pas plus que d'habitude.
- Tu es stressée pour demain ?
- Pourquoi est-ce que tu n'as pas trouvé du premier coup ?
- Ca va bien se passer, tu vas voir.
- T'en sais rien du tout.
- Javier trouve le film très bon, il me l'a dit.
- Et toi ?
- Moi ? Oui, je trouve qu'il est pas mal du tout.
- Oh le joli mensonge.
- Laura...
- Arrête, tu t'enfonces.
- J'aime pas quand tu fais ça Laura.
- Quand je fais quoi ?
- Quand tu joues au bulldozer avec moi. Je suis pas ton ennemi quand je te parle, arrête d'essayer de m'abattre à bout portant.
- Parce que j'y arrive trop facilement ?
- Va te faire voir.
- Je plaisante, tu sais que je le pense pas.
- C'est trop fréquent pour que ce soit juste de l'humour.
- Mais si justement, c'est parce que je sais comment te taquiner.
- Si tu sais que ça me vexe, arrête de le faire.
- C'est dingue comme tu sais retourner les situations Simon, à la base c'était moi qui avait besoin de réconfort, maintenant tu fais ta victime. »
Dos à moi, il ne répond pas. Tant pis pour lui. Je me recouche, dos à lui. Il éteint la lumière. Je pense à demain, à la projection de mon film devant les yeux de tous les participants (excepté Julian et mon frère). Je repense au moment où, hier soir, le DVD est sorti de l'unité centrale de l'ordinateur de Javier. Mon bébé venait de naître.