Aldébaran
| Sujet: Fragment #13 - Morphée Désabusé 09.04.08 22:12 | |
| Jeudi 15 juin 2006 à Chenôve La nuit. Qui m’entoure, oppressante. J’ai toujours peur du noir. Je suis seul dans ma chambre. Alex me manque. Ses yeux verts, ce pétillement d’audace et de défi. Sa mèche rebelle sur son front. Et la douceur de sa peau. Le calme de sa respiration quand il dort auprès de moi. Le fait que quand je suis avec lui je ne crains plus rien. Peut-on aimer son cousin ? Non, ce n’est que de l’affection. Bon, d’accord. Une affection très puissante. Qui me pousse vers lui. Qui nous pousse à ne faire qu’un. Mais de l’affection quand même. Je sais qu’il reviendra. Pour moi. Il ne restera pas en Angleterre. Il reviendra faire ses études à Dijon. Nous devons nous voir. Nous avons besoin l’un de l’autre. A moins que j’ai besoin de lui ? Il fait sombre dans ma tête tout à coup. La nuit. Il fait trop chaud. Il fait vraiment trop chaud. Je vire les couvertures. Je dégage tout ce surplus qui me fait crever de chaud. Je vais mourir dans ce hammam. Et pas question d’ouvrir la fenêtre. Je hais ces suceurs de sang. Je sais qu’ils m’en veulent. Depuis le premier jour. Ils veulent me vider de tout mon sang. Non ! Ils ne passeront pas. Je suis le seul à avoir le droit de vie et de mort sur ma propre personne. Je veux être celui qui fera couler mon sang. J’étouffe. Je n’arrive plus à respirer. Mes oreillers m’oppressent. Mon visage écrasé contre l’oreiller ; je n’arrive plus à respirer. J’ai mal. Vite. Ouvrir la fenêtre. Me lever et ouvrir cette fenêtre. Ma première fois avec Julie. Le sang sur les draps. Mon impression de lui faire du mal. Vite. Me lever et ouvrir cette fenêtre. Faire entrer un peu d’air. Alex. Son corps contre le mien. Sueurs mêlées. J’ai mal un instant. Puis je me détends. Sa bouche contre la mienne. Vite. Faire entrer un peu d’air. Respirer à la fenêtre. Et me remettre au lit. Lentement. Laisser l’odeur de la nuit me submerger. Je n’ai plus mal. Mon visage repose sur l’oreiller. Caresse. La porte se referme. Submergé par cette odeur douce et entêtante, j’enlève tous mes vêtements. Un à un. Je me déshabille entièrement. Je repose sur le lit. Statue au visage serein. Léger frisson de mon corps sous l’air chaud de la nuit. Je suis bien. Mes yeux se ferment. Sous mes paupières, multicolores irisés. Je sombre dans l’inconscience. Lentement. Je me laisse submerger par le bien-être. Le sommier craque un peu. Ma main se décrispe et tombe, inanimée, le long de mon flanc. | |
|