Fragment #6 – L’affaire Clara

Nous sortons à peine du cours de flamenco que je m’exclame :
« Je crois que je suis amoureuse ! Cette prof est vraiment trop belle.
- Je croyais que t’étais déjà amoureuse ? Sylvia, tu te souviens ?, me rappelle douloureusement Clara.
- J’aimerais bien ne pas m’en souvenir autant. Je sais vraiment plus quoi faire pour elle.
- Tu sais ce que tu devrais faire ?, m’interrompt Julie, Arrêter de te prendre pour le chevalier servant qui la délivrera du mal. Surtout si elle ne veut pas être délivrée du mal. » Je sais bien que cette fille est en philo, mais je ne m’attendais pas à une sortie pareille.
Nous arrivons place Darcy, en route pour un kebab.
« Vous savez quoi ? Allez-y sans moi, les filles, j’ai pas faim. En plus j’ai trois tonnes de boulot à faire pour la fac.
- Ton problème, Lulla, c’est que t’es trop sérieuse. Et que tu complexes à cause de cette liane que tu fréquentes. Mais je te promets que tu ne grossiras pas à cause d’un kebab, et que tu bosseras bien mieux après t’être payé un petit demi avec des amies qui ne veulent que ton bien. » C’est clair, Clara me connaît trop.
Attablées devant nos kefta/frites.
« Bon, alors, c’est quoi l’ordre du jour ?
- Mon prof de marketing. Carrément sexy.
- Tu m’expliques pourquoi t’as des cours de marketing en LEA ?
- Pour reprendre confiance dans la beauté du corps enseignant. » Clara trempe sa frite d’un air concentré dans la sauce curry.
« Je l’ai trouvé sur Facebook. Alors la question est : est-ce une bonne tactique que de l’ajouter à mes amis et de lui avouer que je me ferais bien culbuter sur son bureau ?
- Définitivement non, bondit Julie, complètement morte de rire mais qui essaie de nous asséner un de ses regards genre « Je connais le sens de la vie, et pas vous. »
- Si tu lui envoies une photo de toi en porte-jarretelle, ça peut marcher. »
Clara-la-croqueuse-de-profs me balance une frite, qui, manque de pot, va s’écraser sur la casquette d’un mec qui n’a rien demandé. Fou-rire de hyènes immédiat. Je vous aime, les filles, j’espère que vous le savez !