Aldébaran
| Sujet: Fragment #20 - Première Fois 09.04.08 23:33 | |
| Mercredi 28 juin 2006 à Dijon J’ai finalement suivi Julie jusqu’à son appart. Ses parents ne sont pas là, elle me dit. Le long du trajet, mon bras contre ses reins, sa tête sur mon épaule. Je ne sais pas où nous en sommes. Je ne sais plus. Nous arrivons en bas de son appartement. Elle a laissé la lumière allumée. Pour dissuader le voleurs, selon elle. J’ai du mal à en comprendre l’utilité. Elle me propose de monter boire un verre. Le vent est fort, encore. Il me transporte. Dans les rues, des cris. La France vient de gagner sa place en quart de finale il me semble. Mais je n’en suis pas sûr. Je monte chez elle. Nous buvons. Elle se met à son balcon. Je suis derrière elle. Ma main caresse doucement son épaule. Le contact soyeux de son haut blanc duveteux et transparent. Je l’embrasse sur la joue. Elle se retourne. Je l’embrasse sur la bouche. Nos langues se croisent. Je la retrouve. Son goût est un peu différent maintenant, comme si je retrouvais quelque chose que je pensais avoir perdu à jamais. Ma main passe sur son dos, contourne ses côtes, effleure ses seins. J’ai envie d’elle. Tes seins, ma Desdémone. Tes fesses, ma Desdémone. Ton corps, ma Desdémone. Ta vie, ma Desdémone. Notre vie. Ma vie gâchée un moment par l’expectative à laquelle tu ne pouvais répondre. Ta vie gâchée par mon idiotie, ma volonté de toujours aller trop vite. Nos vies retrouvées. Nous marchons jusqu’à ton lit, en canard, nos deux corps soudés l’un à l’autre. Nous ne faisons qu’un. Je te déshabille, lentement. Tu fais de même. Nous nous embrassons. Et je suis en toi. Tu me possèdes. Nous ne faisons qu’un. Est-ce mal, au bout du compte, cette « bête à deux dos » ? Ton corps, ma Desdémone. C’est ma Première Fois. Et la dernière. Ce sont tous ces actes charnels en un seul. Je vois ma vie passer, quand nous montons au Nirvana. Tes lèvres embrassées. 1-0 Ton corps mis à nu. 2-0 Et notre jouissance partagée. 3-0 Je sens que quelque chose cloche. Les scores ne sont pas équilibrés. « Tu n’as pas changé, Jed, toujours aussi rêveur et maladroit. Faire l’amour exige de l’expérience. Mais tu te la feras. » 2-1 en fait. « Ma Desdémone, je t’aime. » But final, imprévu et acrobatique. 3-1 Coup de sifflet final. Jed est déclaré vain-cœur. Elle sort une cigarette. Je remets mon boxer. Je ne supporte pas ma nudité. « Tu ne peux dormir là, désolée. Il faut que je me réveille tôt demain. » J’accepte ma destinée. Je me rhabille. L’air frais mais étouffant s’engouffre de la porte-fenêtre qui donne sur le balcon. Au dehors, quelques fêtards retardataires hurlent dans les rues. Puis crient. Parlent. Chuchotent. De moins en moins fort. Je ferme la porte derrière moi, en suivant sa consigne. Mon corps sort dans la rue, se mêle aux anonymes. Mes pas déchirent le pavé. Claquent. Résonnent. De moins en moins fort. Dans la nuit, Je disparais. | |
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