Alsciaukat
| Sujet: Fragment #155 - Cauchemars à répétition 14.11.08 18:15 | |
| Vendredi 14 novembre 2008 à Toulouse Le ciel est d’un noir d’encre. Les nuages tremblent, des éclairs se déchaînent entre eux, éclairant brièvement leur surface duveteuse. Une pluie interminable s’en écoule, drue, omniprésente. Au milieu de la tourmente vole une nuée de corbeaux, plus noirs encore que le ciel. Leurs coassements emplissent le dessous des nuages, symphonie funèbre en l’honneur de la mort, qui finit irrémédiablement par l’emporter. Les ailes déployées, ils glissent sur des courants invisibles qui les portent vers de nouvelles victimes. Seuls les becs luisent lorsque la foudre frappe, d’un éclat sinistre, en une myriade de pics acérés. Leurs yeux se fondent dans l’obscurité. Je suis au milieu du groupe, le plus sombre, le plus grand. L’eau glisse sur mes plumes sans s’y accrocher, avant de continuer sa chute infinie. Soudain, un mouvement que je n’ai pas provoqué agite la meute. Tous se tournent vers moi et me fondent dessus. De mon bec s’échappe un long cri rauque et incompréhensible. Je m’éveille en sursaut, un lourd martèlement emplissant mon crâne. Autour de moi les contours ne sont pas nets, et j’ai l’impression que ma langue s’est transformée en éponge avant de s’imbiber de tout ce qu’elle aurait pu trouver. A ma gauche, Blandine me regarde d’un air curieux. Les fragments me reviennent. De l’alcool, de la drogue. Des gens, tous différents les uns des autres, et pourtant pareils. La marche dans la nuit, l’air frais, le remodelage du trottoir en quelque chose de plus grumeleux que le goudron. Et le corps de Blandine contre le mien. Je me lève d’un bond, vacille, et vomit au sol, de nouveau à genoux. Je ne peux pas avoir fait ce que je crois avoir fait, c’est impossible. « Hé, ça va ? » Je relève violemment la tête vers Blandine. Un léger sourire amusé rend caduc le ton faussement inquiet de sa voix. Je recule en trébuchant, fait tomber un cadavre de bouteille de bière sur le sol où il roule avant de s’arrêter contre le pied d’une table. « Agrandis pas tant les yeux, ils vont tomber. » Je ne comprends même pas ce que je peux faire ici. Je ne comprends rien, je n’arrive pas à parler, je suis en état de choc. Blandine tend la main vers moi, mais je la repousse brutalement. « Ne me touche pas ! Dégage ! - Hé, répond-elle, nullement vexée, c’est toi qui es chez moi, là, je me vois pas très bien dégager pour te laisser la place. » La fureur envahit mon esprit brumeux, tandis que le martèlement dans mon crâne s’intensifie. « Léo… » Tout s’arrête. Je la regarde, et je sens que des larmes coulent sur mon visage. Cette façon de m’appeler… Léa avait la même. Léa, la douce Léa, qui repose dans un hôpital anonyme, dans une chambre blanche et froide, dans le coma. La personne que j’aime, celle qui a su m’attirer à elle comme personne ne l’avait jamais fait, celle qui a su m’aimer. Je vomis de nouveau, de dégoût envers moi-même. « Ahh mais putain, c’est toi qui nettoies ! » Je me lève, mal assuré, vidé de toute émotion. Le décor tangue mais je reste fermement campé sur mes jambes. « T’as des lingettes et des produits dans la salle de bain, je te montre pas où c’est… » Nous avons fait l’amour, plusieurs fois. Dans la salle de bain, contre l’évier puis dans la douche. « Toi au moins, l’alcool te rend pas impuissant ! - Tais-toi ! Tais-toi, tais-toi, tais-toi ! » Je crie. Elle me regarde comme si j’étais fou. C’est elle qui est folle, complètement cinglée. « T’as qu’une traînée, une putain, une… » Je ne sais plus quoi ajouter. Une lueur mauvaise s’est allumée dans son regard. « C’est quoi ton problème ? Je suis magnifique, et aussi noire que toi ! Nos âmes sont faites pour s’entendre ! - Laisse mon âme où elle est ! Où sont mes vêtements ?! » Elle les désigne du menton et se lève. J’enfile mes vêtements aussi vite que possible pendant qu’elle me parle. « Toi, t’es complètement dérangé… Tu vas commencer par nettoyer ta gerbe, après on va parler calmement. - Je ne peux pas, je ne peux pas… Il faut que je rentre à Tours… - Pour qui ! s’exclame-t-elle. Pour Léa ?! » Il y a un flash, et lorsque la lumière redevient normale, Blandine est au sol, et du sang lui coule de l’œil droit. Je boucle ma ceinture et ouvre la porte. « Ne parle plus jamais de Léa. » Je claque la porte derrière moi, laissant une trace rouge sur la poignée extérieure. | |
|
Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #155 - Cauchemars à répétition 14.11.08 20:22 | |
| Waow. C'est hyper puissant ! Mais ça semble assez irrémédiable, tout ça... | |
|
Alhena
| Sujet: Re: Fragment #155 - Cauchemars à répétition 15.11.08 2:14 | |
| Oulà, fait pas beau être dans l'entourage de Léo... Mais c'est qui cette Blandine? Et comment elle sait tout ça? | |
|
Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #155 - Cauchemars à répétition 15.11.08 12:08 | |
| Il l'a pas tuée, quand même ? :/ | |
|
Procyon
| Sujet: Re: Fragment #155 - Cauchemars à répétition 16.11.08 20:09 | |
| Non a mon avis lundi elle va se pointer en cour avec un bon coquard ! Si elle se pointe... | |
|
Alsciaukat
| Sujet: :) 17.11.08 20:18 | |
| Mmh trois fragments arrivent d'un coup, pour expliquer la suite, vu que j'avais pas internet ce week end ^^' | |
|
Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #155 - Cauchemars à répétition 17.11.08 20:45 | |
| | |
|
Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Fragment #155 - Cauchemars à répétition | |
| |
|