Fragment #114 - Elle est mon refuge

« Bah Chérie ? Qu’est ce que tu fais là si tard ?! »

Je suis nez à nez avec ma mère, devant sa porte d’entrée. Avec mes valises.
J’ai quitté Théo ce soir, même si ce n’est que donner un nom à la situation dans laquelle on vit depuis presque un mois, sans oser l’accepter. Je lui ai tout expliqué… Mes doutes, mes peurs, mes incertitudes. Et puis Julian.
Je lui ai fait du mal, j’en suis consciente. Et je me déteste d’avoir eu à faire ça… Mais je dois tenter, je dois essayer de reconstruire ma famille.
Je lui ai laissé l’appartement. Il est proche de l’hôpital, et puis il a tout quitté pour l’avoir. Moi, peu importe où je vais : j’ai ma fille.
C’est donc ce qui m’a mené ce soir sur le chemin de la Maison. Celle de mon enfance, de mon insouciance. Le chemin que je connais par cœur et qui sera toujours celui de mon retour aux sources. Frapper, ce soir, à cette porte : ce n’est pas par hasard. Ce n’est pas seulement pour mettre un toit au dessus de la tête de Kokhavah. C’est bien plus que ça : je rentre chez moi.
Chez moi, ce n’est pas les murs de cette maison, ni ma chambre rosée dans laquelle j’ai passé toute mon enfance. Chez moi, ce n’est pas ce salon dans lequel on mangeait, tous ensemble. Avant. Chez moi, ce n’est pas non plus cette terrasse blanchie par le givre de ces premiers jours d’hiver.
Non. Chez moi, c’est ma mère.
Elle est mon abri, mon refuge. Elle est un miroir plus juste que tous les autres, qui réfléchit mon vrai reflet, pas celui qu’on aimerait me donner, ou que moi-même je voudrais voir. Elle est mon équilibre, comme une île épargnée par la tempête sur laquelle la naufragée que je suis pourrait se reposer parfois…
Elle est tout ce dont j’ai besoin. En particulier ce soir.
Je serai honnête avec elle, je lui dirai tout. Je sais qu’elle n’approuvera pas. Mais elle acceptera. Parce que c’est mon choix, parce qu’elle m’a toujours donné la chance de murir de mes erreurs, de mes choix, de mes bons ou mauvais pas.

« Entre mon Cœur, on a toujours un berceau pour la petite… Bon retour à la Maison mes amours. »