Fragment #490 - Faites l'amour, pas la guerre

Lola se rhabille. Allongé sur le lit, nu, je regarde les lignes de son dos, et ses cheveux noirs qui plongent dans sa nuque. Nous avons fait l'amour, ce soir. Pour la première fois depuis... je préfère ne pas savoir. Presque deux ans. Je crois que je connais son corps par coeur. Quel bonheur de redécouvrir chaque élément à sa place, comme je les ai quitté !
Lola m'embrasse, il faut qu'elle rentre chez elle. Parce qu'elle ne veut pas abuser de l'hospitalité de Lilian et Florian (après tout, ce n'est plus mon appartement). Parce que nous voulons prendre notre temps. Elle m'a sauté dans les bras quand je lui ai dit que notre chez nous attendait patiemment notre venue, début janvier, à Paris, dans un quartier branché et sympathique. Je l'ai invitée, avec Kokhavah, à venir manger un peu de gâteau ici, lundi, pour mon anniversaire.

Au milieu de la nuit, je suis réveillé par un bruit étrange. Quelqu'un entre dans la chambre et se déshabille, avant de se glisser sous les draps.
« Heu, Florian, je suis là, souviens toi, tu m'as prêté ton lit en fait...
- Ah merde, désolé Ju, j'avais zappé. Je dois dormir où moi alors ?
- Ben sur le canapé...
- Ah ouais c'est vrai, excuse si je t'ai réveillé frangin.
- Non mais c'est bon dors ici Flo, je vais sur le canapé.
- Non non arrête c'est ton lit ici à la base.
- Ouais mais maintenant c'est le tien. Et il fait froid dans la cuisine.
- Ben justement, laisse-moi y aller et reste au chaud. »
Nous arrêtons nos politesses, puis éclatons de rire.
« Putain, on est con nous !
- Allez, viens dormir là grand frère, je te fais une place !
- Ok mais me colle pas hein...
- T'as peur que je te suce pendant la nuit ?
- Vas-y Ju rigole pas avec ça quoi...
- Flo, détend toi, je plaisante. C'est du passé cette histoire avec Lilian, et puis l'essentiel c'est qu'il soit heureux, hein ?
- Ouais, je sais bien, ouais. »
Florian et moi dans le même lit, côte à côte, les yeux rivés sur le plafond dans l'obscurité. Quelle situation incongrue ! Je me souviens quand Lilian venait me rejoindre, le soir, lorsque nous avions emménagés ici. Nous nous serrions l'un contre l'autre, sans gêne aucune.
« Alors, ta soirée ?
- Sympa, et la tienne, avec ta chérie ?
- Très bien. Nous avons forniqué dans ce lit, vois-tu...
- Aaah t'es dégeu Ju putain ! »
Nous éclatons de rire. J'entends la porte d'entrée s'ouvrir et invite Florian à écouter. Deux voix pénètrent dans l'appartement, se glissent dans la chambre de Lilian, rient en sourdine. Ils grimpent sur le lit, derrière le mur, le lit qui grince en rythme avec leurs murmures, leurs gémissements, leur éclats de rire. Nous entendons Lilian et Robin faire l'amour de plus en plus fort, et Florian mord le traversin pour ne pas éclater de rire. Je frappe un peu contre le mur pour signaler que nous les entendons. Lilian et Robin jouissent en exagérant leurs hurlements pour signaler qu'ils s'en fichent.
« Bon, fait Florian, ben je crois que Lilian est de nouveau avec son copain. »