Altaïr
| Sujet: Fragment #50 - Faites Danser les Masques 09.04.08 17:27 | |
| Mercredi 9 août 2006 à Paris Chemise blanche au col entrouvert, pantalon étriqué qui épouse la forme de mes fesses et de mes jambes, ceinture inutile pendant sur le côté. Les cheveux tirés en arrière, imbibés de gel, et attachés derrière le crâne pour laisser jaillir une petite queue de cheval J’accomplis les rituels nécessaires, précis et minutieux, pour pénétrer dans le monde de la nuit, le monde des apparences, un monde de Masques. Passage succinct devant le miroir, un sourire, trop facile. Je suis un descendant du peuple d’Olympe. Et nous voilà entrés dans une immense boîte de nuit, où résonnent des rythmes telluriques et enivrants. Les corps se déchaînent sur la piste et dans les cages, c’est une marée de corps dansant, éblouissante de flash colorés et de fumigènes, une tempête artificielle pleine de lumières et de sons. Gautier, aussitôt, m’entraîne sur la piste. Son tee-shirt rouge moulant redessine les formes harmonieuses de son torse et se colle à moi tandis qu’il se déhanche, tout son corps frottant contre le mien. Je reste un instant sans bouger, me laisse happer par la musique qui commence à me mordiller doucement pour mieux me grignoter tout entier. Dévoré par elle, je sens mes jambes s’animer et se mettre à battre le tempo. Et le rythme remonte jusqu’à mes fesses, court mon échine et envahit le dos et les épaules, pour se déverser dans les bras. Alors je me laisse porter par sa chaude suavité, je me déhanche comme ces centaines, peut-être ces milliers de gens qui dansent autour de nous. Je suis un grain de sable dans l’immensité du monde des Masques, où tout n’est qu’apparence, où tout n’est que surface. Des milliers de Masques qui dansent. Yes, we like to move it move it… and put our hands in the air… pour caresser nos illusions cireuses de masques qui fondent en vapeur… Et ta langue dans mon cou Gautier, je la sens courir ma peau, m’embraser. La luxure est reine en ce lieu rouge et rose chair qui respire le désir des hommes. Nos torses s’inondent de sueur et se collent l’un à l’autre, et je passe mes bras autour de son cou, le regard planté dans ses yeux avec volupté, tandis que nos corps exécutent des mouvements érotiques et flamboyants. Que c’est bon, de ne plus penser à rien, d’être là, d’être corps, en accord avec la matière tangible, ne plus s’évader dans les fumées légères de nos pensées… L’alcool qui coule dans nos gorges et se fond dans nos sangs agit comme une ancre qui nous ancre dans le réel et enchâsse nos esprits fugueurs. Dansons, dansons, jusqu’au bout de la nuit… L’aube commence à peine à rosir le ciel lorsque nous quittons la boîte de nuit. En passant devant le DJ qui fume une cigarette, je fais comme si de rien n’était. Je sens son regard me brûler de part en part, son regard de dieu. Mais je ne me retourne pas.
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