Aldébaran
| Sujet: Fragment #47 - Farandole Colorée 10.04.08 17:12 | |
| Samedi 2 septembre 2006 à Dijon Un chariot et c’est parti. Nous entrons dans l’enfer des supermarchés. Quelle idée aussi de faire ses courses la veille de la rentrée, de plus un samedi. Enfin bon, je suis avec Jon, c’est tout ce qui compte. Nos mains s’effleurent sur la poignée du chariot. Nous faisons les courses pour la semaine à venir. Des légumes, des pâtes, de la viande et de quoi écrire pour moi. J’ai décidé de rester avec Jonathan jusqu’à la veille du retour des parents. Nous arrivons au rayon des légumes. Ici, ce n’est que farandole colorée. Toutes les couleurs de l’arc-en-ciel se réunissent, jouent avec le consommateur. De l’orange sucré au vert amer en passant par le rouge sang. D’ailleurs, ces tomates attirent l’œil, le mien surtout. J’adore les tomates, et là, à regarder ces centaines de ventres ronds, prêts à exploser, de jus qui coulerait dans ma gorge… et cette odeur sucrée de ces fruits à la couleur tranchante, suicidaire… je ferme les yeux et je suis emporté par mes sens quelque part, ailleurs. La main de Jonathan sur mon épaule, caressante et douce, me ramène sur terre. « Prend des tomates s’il te plaît, j’adore ça. » Aha ! Toi aussi donc. On va bien s’entendre, nous deux. Merde, on s’entend déjà bien ! Plus, alors ! Je danse auprès des yaourts passant d’un prix à l’autre, d’une couleur vers une autre, plus attrayante, d’un goût qui échauffe déjà mes papilles vers… Une odeur, au bout du rayon. Un Homme en fait. Et Son parfum qui m’envoûte comme un papillon accroché à sa lumière. Je passe dans le rayon suivant, mais je fais demi-tour pour repasser devant Lui, et m’enivrer de ce parfum magique. Je m’accrocherais bien à Toi et à Ton parfum, bel Homme… mais Jonathan me rattrape par le col et me traîne dans son sillon. L’enfer des cahiers et des crayons. Ça me rappelle que la rentrée approche. Merde ! Je l’avais oubliée, celle-là, la tapageuse. Heureusement, mon petit Jed, tu as un mois de plus pour faire ton trublion. Par contre, la semaine prochaine, tu vas devoir l’attendre tous les soirs, ton bel étalon. Eh oui, la rentrée des prépas se fait lundi après-midi. Je l’avais oublié, ce monstre préparatoire qui va m’engloutir mon amant dix heures par jour. D’ailleurs il s’achète des cahiers, des stylos, des feuilles, qui passent dans notre chariot à la vitesse grand V. Moi, je suis simple. Un crayon et un cahier. Pour faire quoi ? Je ne sais pas encore. On verra. On passe au rayon des confiseries pour s’acheter un pot de Nutella. Merde, sans mon Nutella, qu’est-ce que je suis moi ? Moins gros, d’accord, mais sinon ? Rien ! En passant je me dis que les entreprises de nourriture pour enfants font de moins en moins de cadeaux. Avant, chaque paquet de céréale, chaque pot de pâte à tartiner avait son cadeau gratuit. Maintenant, tout cela a disparu. Peut-être qu’ils se sont rendu compte que les gens achètent, de toute façon. Nous remontons vers les caisses. Sur le chemin, Jon arrache le code barre d’une boîte de Tampax. « Ils font un jeu, il me chuchote à l’oreille, on peut gagner un voyage au Brésil. Autant tenter, non ? » Pourquoi pas acheter la boîte alors, je me dis ? Il ne semble pas avoir la réponse. Je dois être trop terre-à-terre. | |
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