Aldébaran
| Sujet: Fragment #49 - Ogre 10.04.08 17:46 | |
| Vendredi 8 septembre 2006 à Dijon J’ouvre. Le grand vide. Jonathan où es-tu ? Aaaahhh. Reviens. Non, tu ne peux pas. Il est onze heures et tu bosses, mon Jonathan. Et qu’est-ce que je fais avec le frigo moi, hein ? Il n’y a plus rien. Plus rien du tout du tout. Ah si, j’avais pas regardé, pas regardé jusqu’au fond du fond, jusqu’à l’estomac de la bête. L’arrière-gorge est encore prise. Colorée par quelques restes de légumes. Ouvre grand la bouche et fais aaah. Une tomate. Et un morceau de carotte. Je ne vais pas aller bien loin je crois. Et mon estomac qui gargouille et qui m’appelle désespérément. Comment vais-je faire pour lui répondre par l’affirmative, à mon bel ami ? Je referme la porte du frigo. Je me pose à la table de Jon. J’ai pris une assiette auparavant. La tomate et la carotte me regardent, leurs petits yeux grands ouverts. « Ne me mange pas s’il te plaît ! » Et puis quoi encore, non mais. C’est que j’ai faim moi. Et ce ne sont pas des petits cris de détresse qui vont me faire changer d’idée. Regardez-moi, moi l’ogre, le géant vert dévoreur. Il me faut des protéines. Il faut bien vivre, non ? Je dévore d’une seule bouchée tout ce qui traîne dans mon assiette, tout ce qui est frêle et supplie, tout ce qui me fait penser à moi. Mes dents mâchent, transforment le tout en une petite purée qui est transférée vers l’arrière-gorge, passe la glotte et descend l’œsophage. Ma pomme d’Adam se contracte au passage de la petite purée rougeâtre. Je regarde toujours ces deux légumes dans mon assiette. Non, décidément, tout cela n’était qu’assemblage de gestes quotidiens, presque obligés. Décidément, je n’ai vraiment pas faim. La carotte et la tomate me jettent un regard de désespéré de leur assiette. « Excusez-moi les amis, une autre fois peut-être. » Je prends l’assiette, retourne vers le frigo, ouvre la porte et glisse mon refuge de légumes abandonnés sur la grille du deuxième niveau. Je reviendrai. Jonathan, reviens s’il te plaît. Vite. Je veux manger avec toi. Je me sens si seul. | |
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