Altaïr
| Sujet: Fragment #142 - Feu et vent 10.04.08 19:00 | |
| Lundi 20 novembre 2006 à Dijon Il faut que tout soit parfait. En rentrant de cours ce soir, la nuit déjà tombée, pleine de brume et de bruine, je me suis faufilé de bus en bus pour arriver au plus vite et tout ranger dans l’appartement. J’ai drapé la table d’une petite nappe blanche, disposé le couvert avec élégance, allumé quelques bougies, le peu que j’avais à disposition, et plié les serviettes comme sait si bien le faire ma belle-sœur. Le tout dans une ambiance tamisée. J’aurais voulu une lumière rouge et voluptueuse, de beaux chandeliers et des pétales de roses nappant le lit, mais je ne suis qu’un petit étudiant de licence, moi, je n’ai pas les moyens. Je lui ai cuisiné des pâtes comme celles que me fait Maman. Bon, d’accord, ce n’est pas très original, mais c’est l’intention qui compte après tout. Et j’ai saupoudré ce petit plat de tout l’amour qui grouille en moi. Car je t’aime, Lola, c’est indubitable. Je ne veux pas te perdre, j’ai encore besoin de toi. Quand tu sonnes à l’interphone de l’appartement et que ta voix t’annonce, à peine altérée par le grésillement de la machine, quand j’entends tes pas dans les escaliers et que, trop impatient, j’ouvre ma porte et t’attends sur le seuil pour te prendre dans mes bras à peine arrivée, et qu’enfin ton sourire me réchauffe la peau et les os, tout me semble parfait. Entre, ma belle fleur d’alizé, fait trembler par ta seule présence la flamme vacillante des bougies et mon Cœur qui oscille. Nous mangeons en nous regardant au fond des yeux, moi dans ses pupilles noires, elle dans mes prunelles acajou. Nous sommes l’un dans l’autre, peut-être plus encore que nous ne le serons plus tard dans la nuit, lorsque nous corps seront soudés. Viens, approche par là que je t’embrasse, que nos lèvres s’immolent d’huile et de feu ardent. Le vent et le feu. Approche… Nus l’un contre l’autre dans l’antre de mon Cœur. Nos corps mis à nus. Je voudrais pénétrer en toi, au plus profond de toi, à même ton essence, ce qui te fait toi. Mais je ne peux pas. Alors nous nous ébattons sous les draps, nous transpirons, nous crions. L’amour est un cri de désespoir face à notre incapacité à être l’autre. Je le crie maintenant, dans un murmure, une fois la nacre déversée au creux de toi et le nirvana apaisé, tandis que la sueur serpente sur les collines de nos corps enchevêtrés et que le froid nous mange. Je t’aime Lola. | |
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