Altaïr
| Sujet: Fragment #120 - Grand Vent 10.04.08 18:27 | |
| Mardi 24 octobre 2006 à Dijon Encore une bourrasque. Les feuilles mortes qui jonchent le macadam s’envolent dans un souffle dansant. Une poubelle tombe à la renverse dans un grand fracas qui fait sursauter les passants. Mon rhume est revenu hier. Une toux rauque me sort de la gorge. Je n’ai pas renvoyé de message à Lola, car je sais qu’elle me proposera de me revoir au plus vite et je ne veux pas que le goût de notre premier baiser (ne riez pas, ça finira bien par arriver) me soit occulté par l’amertume d’un nez bouché. Ca finira bien par passer, il faut que ça passe. Il y a beaucoup de vent aujourd’hui. Dans les rues de Dijon. Dans ma tête aussi. Plus je pense à Lola, plus il y en a, alors que ce devrait être le contraire. Je devrais respirer pleinement cette petite fleur d’alizé, la respirer tant et si bien qu’elle n’aurait plus d’odeur. Il faudrait que je pense à autre chose. Il fait beau. Beau mais nuageux. Beau mais venteux. Une beauté automnale, que dore légèrement le soleil et les miettes d’arbres dispersées. Mortes, elles sont mortes. Jolies, jolies petites feuilles, venez par ici… Oh. Vous voyez, ça revient. Ca recommence. Encore. C’est toujours là. Je marche tranquillement. Je ne pense à rien. Je ne pense à rien. Je ne pense à rien. Il faut que vous sachiez, je sais lire dans le ciel, et j’ai vu de ces choses, de ces choses qu’on oublie pas. Je n’ai pas beaucoup de temps, il faut que vous sachiez. Ca va revenir, bientôt, plus terrible que jamais. Il ne veut pas que je le dise, mais je le sais. Ce n’est plus qu’une question de jour. Il faut que vous sachiez… J’ai fini de lire La Nausée aujourd’hui. Tu vois petit bouquin, petit livre de rien, je t’ai mangé tout cru jusqu’au dernier mot, et je suis toujours là. Aucun problème. Maintenant que je suis sûr de les avoir tous oubliés, je vais pouvoir m’adonner à ma nouvelle vie. Un grand vent pour nettoyer tout ça. Ne plus penser qu’à toi Lola. M’agripper à ton corps pour ne pas couler. Petite fleur, la plus belle de ce grand jardin de femmes. Laisse moi te humer, laisse moi te consumer. Je suis le feu qui grandit, attisé par le vent. Je me consume et je t’embraserai. Un grand fanion ardent drapé de rougeoiements. Une fumée noire s’élève. | |
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