Fragment #502 - Galette en retard

En rentrant de chez Robert, ce soir, après une journée éreintante, je suis passé à la boulangerie-pâtisserie du coin pour acheter une galette des rois, parce que nous n'avons pas fêté les rois mages dimanche, trop occupés à nous installer dans l'appartement. Nous dînons tous les trois autour de la table où les couverts sont proprement disposés. J'ai l'impression de vivre la vie qu'avait Florian lorsqu'il a eu Léa, cette vie que j'enviais tant tout en feignant de la mépriser. Au final, j'ai eu plus de chance que lui : Elodie ne tient pas la comparaison face à une Lola Sinclar.
Le couteau s'enfonce dans la peau dorée, glisse dans la frangipane, rencontre la dureté de la pâte et la découpe proprement. Une part pour Lola, une part pour moi, et un petit morceau pour faire goûter à Ko. La texture sucrée me remplit la bouche, et je souris en voyant la petite ouvrir de grands yeux, en signe d'approbation.
« C'est bon hein ma chérie ?
- Oui, elle a pas l'air de trouver ça mauvais ! commente Lola. 
- Tu en veux encore ? »
Je recoupe un petit morceau, sent quelque chose de dur entre mes doigts.
« Tiens, tiens... c'est moi qui trouve la fève, mais dans la part de Ko... Elle est pour qui, la couronne, alors ? 
- Pour moi ? suggère Lola en riant.
- On va dire qu'elle est pour moi, et que vous êtes mes princesses, d'accord ? »
Nous partageons ce petit dessert dans la bonne humeur. Le goût gras et sucré de la galette embaume ma vie de douceur. Je m'abandonne dans les bras savoureux du Bonheur, de l'insouciance, de la sérénité.
Tout n'est que sucre et volupté.