Aldébaran
| Sujet: Fragment #127 - Image à dorer 07.01.09 19:36 | |
| Jeudi 31 mai 2007 à Dijon « Lilian, je ne peux pas rester avec toi. C’est Jon que j’aime » Voilà, mon miroir, mon beau miroir, tu sais tout maintenant. Mes mots resteront à jamais emprisonnés dans ta pureté. Personne ne les a entendus. Personne ne les entendra. Surtout pas Jonathan, j’espère. Il me fallait le fuir. Cette passion nous détruisait. Cette passion m’enrobait de sucre. Je collais, statufié en saccharine. Nous étions prisonniers de nos cadres de verre. Et que devient une passion prisonnière ? Elle meurt. Je ne veux pas mourir. Je préfère vivre, même de l’autre côté de ce miroir qui me regarde méchamment. Je m’approche de la surface parfaitement polie. Je me regarde dans les yeux. Je m’embrasse à perdre haleine.
Je suis devant la porte du Dionysos. Je me suis décidé. Aujourd’hui, je parle à Lilian. Nous devons nous expliquer. Je suis bien avec lui, c’est vrai. Il est vraiment rassurant. J’aime le calme de ces bras. Alors pourquoi tu veux le quitter ? Je pousse la porte. Julian est là. Il travaille, comme toujours. Plus loin, quatre hommes jouet aux cartes. Ils sont marrants, tous symétriques et tout. Je repense au miroir. Et à Lilian. « Je cherche Lilian. » Julian fait un faux geste, de la bière se renverse sur le comptoir. Il rougit. Je ne sais pas trop sur le compte de qui ou de quoi mettre ce soudain afflux de sang. Je lui souris. Julian commence à me parler du Clan. De ce qu’il veut reconstruire. Je l’écoute cette fois ci. Ce qu’il me propose ressemble un peu à ce que j’ai pu voir chez Martin, en plus élaboré. Des gens ensembles. C’est un groupe d’amis en fin de compte, non ? Sauf que nous sommes reliés, il ajoute. Il parle de la boîte, de Nathan. J’essaye de comprendre, de relier. Mais l’esprit de Julian tourne étrangement, j’ai du mal à suivre son fil. Vers midi, Lola entre. Elle me regarde. Je repense à notre rencontre dans le bar non loin de la fac. Nous avons appris à nous connaître. Elle s’approche de nous, me fait la bise. Julian nous regarde bizarrement, puis la regarde encore plus étrangement, comme si une puissance occulte émanait d’elle. Kokhavah. Ça veut dire étoile en Hébreu. Je repense à Séléné, au ciel piqueté. Elle nous parle de Nathan, d’une cassette qu’elle aurait reçue. Ni une ni deux, elle nous place un écouteur sur l’oreille, et nous fait écouter. Je ne comprends rien. Un gars est dans son trip et raconte n’importe quoi à une interlocutrice imaginaire. Cette interlocutrice, ça serait toi, Lola ? Comment sait-il pour Kokhavah ? Etrange tout ça. Surtout que Julian nous dit que c’est la voix de Nathan. Mince. Je ne comprends plus rien. Julian recommence son charabia : Clan, Nathan, l’EFTA, msn, la boîte, la fourche, reliés.
J’ai tout oublié. Plus rien à dire à Lilian. Je le veux. Je veux ses bras contre mon mal-être. Je veux son amour contre mes tremblements. Je veux son Image contre mes crocs grinçants. Je me hais, donc je t’aime. Lilian, miroir face à moi. Je t’aime Image adorée, réfléchie. Je m’approche de ta surface, parfaitement polie. Je te regarde dans les yeux. Je t’embrasse à perdre haleine. | |
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