Fragment #11 – Un soir comme tant d'autres

Jeudi 8 janvier 2009
à Plombières les Dijon

Je gare tant bien que mal la voiture devant la maison. Il fait nuit noire au dehors, mais même la nuit ne diminue pas le froid. Mes doigts sont gelés sous mes gants. Je m'enferme rapidement à l'intérieur du foyer familial. Chauffé. Vide. Je n'ai pas eu le courage d'aller acheter du pain. Il doit tout de même en rester un morceau pour ce soir, et demain matin je mangerai des biscottes. Ce n'est pas un souci.
Il y a un message sur le répondeur. Je pose mon sac à main dans l'entrée. C'est ma mère. Elle veut simplement prendre des nouvelles. Je la rappelle.

Une soupe, de l'époisse sur le reste de pain, un peu de salade de fruit. C'est bien suffisant. Je remets de l'eau dans le bol du chat. Il vient laper bruyamment. Il a bien grossi depuis que je l'ai. La vaisselle est terminée. Je vais m'asseoir dans le salon. Le chat vient se blottir sur mes genoux. J'ai terminé mon livre à midi, par conséquent je n'ai plus rien à lire. Rectification, plus rien de neuf, à lire ; parce qu'il doit bien y avoir quelques livres dans la bibliothèque que je n'ai jamais lu. Je ne veux pas allumer la télévision. Il y a bien d'autres choses à faire que de regarder la télévision. Je mets un CD des Beatles. Toute a jeunesse. Je ferme les yeux pour voir. Voir ces souvenirs, vestiges heureux du passé.
Je ferme tous les volets, et monte me coucher au bout de peu de temps faute de mieux. J'entends ses pas feutrés. Je sens les pressions de son corps avançant sur la couette. J'entends sa respiration de plus en plus près.
Viens mon chat.
Il a compris et vient, comme chaque soir, se blottir, sous la couette contre moi. Je sens la chaleur de son corps tout près du mien. Cette chaleur est bien plus chaleureuse que chaude. La simple présence de cet animal près de moi, me suffit à me sentir moins seule. J'aimerais bien refaire ma vie. Mais j'ai déjà un certain âge. Je ne fréquente pas grand monde. Qui voudrait d'une quinquagénaire bientôt ménopausée ? A part ce chat bien entendu.