Fragment #13 – Je lui ai rendu visite

Dimanche 11 janvier 2009
à Plombières les Dijon

Je monte à pied avec mon sac le long de la route. Il est lourd. Je viens de passer les dernières maisons. Il ne reste que cinquante mètres. Je m'arrête et pose le sac. Je souffle un peu et redémarre en prenant le sac avec mon autre bras. Vingt mètres plus loin je réitère l'opération. Ce sac est vraiment lourd et la route monte réellement. J'arrive devant chez lui. Je sors ma petite pioche de mon sac et commence à enlever les fleurs fanées. Je les remplace par des fleurs qui préfèrent le froid de l'hiver. Je n'avais pas encore eu l'occasion de le faire, le froid est arrivé rapidement, puis la neige et le verglas m'ont empêché de monter ; même en voiture, car la route qui mène au cimetière est vraiment mauvaise. J'ai décidé de mettre des skimmia japonica, ce sont des plantes avec un beau feuillage vert foncé, et des petits boutons de fleurs rose fuchsia qui vont s'ouvrir courant mars. Je mets également des cinéraires maritimes qui ont un beau feuillage argenté. Ces plantes là structurent la composition. Ensuite je complète avec des primevères et des pensées pour la couleur. Je suis fière de moi. J'espère que ça te plait. Je vais à l'entrée du cimetière chercher un arrosoir, que je remplis à moitié seulement, pour mettre un peu d'eau sur mon œuvre. Vu le temps que je viens de passer à arranger tout cela dans les trois jardinières, je pense qu'on peut effectivement parler d'œuvre. C'est joli. On pourrait croire que j'ai fait ça toute ma vie. Ce n'est pas entièrement faux, à vrai dire. J'aidais mon papa dans le jardin quand j'étais petite ; et même jusqu'à ce que je quitte la maison familiale. Ensuite j'ai troqué les légumes de consommation pour des légumes d'agrément et des fleurs d'embellissement, dans la maison un peu plus bas. Au fond le jardinage ça détend. Il faut juste une bonne paire de gants en ces temps frais.
Je redescends après m'être recueillie quelques instants. À l'église je m'assois à côté de madame Rosevalde, comme tous les dimanches ou presque.
Jean-Pierre. Je ne t'oublie pas, mais je me remets à vivre normalement tout simplement. Du moins normalement dans la limite de ton absence.