Fragment #55 - Visite de Dijon

Je suis impatient, comme un gosse. Mon demi-frère arrive à Dijon aujourd'hui avec sa femme Tina, pour passer quelques jours dans ma ville. J'ai rangé mon appartement pour pouvoir les accueillir au mieux, même si j'ai un peu honte de ne pas pouvoir les éblouir. Maman disait que l'humilité est une valeur fondamentale, et je pense que c'est une qualité qui ne me fait pas défaut. Mais mon frère est diplomate, et moi simple barman. Inutile de chercher l'erreur.
Jules et Tina descendent du train à la gare de Dijon et je les accueille avec un grand sourire. Je leur propose de faire un petit tour de la ville à pied et de poser leurs affaires chez moi, puis de gagner le Dionysos pour y boire un bon verre tous ensemble. Ils acceptent, mais préfèrent cependant laisser leurs valises dans un hôtel, qu'ils ont réservé à l'avance pour ne pas me déranger. D'une certaine manière, ça vaut peut-être mieux. Je ne veux pas qu'ils voient la petitesse de mon appartement.
Nous remontons l'avenue en direction de la place Darcy, où je leur présente notre fierté locale, notre arc de triomphe qui se nomme Porte Guillaume. Jules et Tina s'émerveillent du style architectural de la ville et je leur explique que Dijon était une cité fortunée par le passé. En effet, les Ducs de Bourgogne étaient plus riches encore que le Roi de France... Si vous voyez des petits triangles d'or sur les trottoirs, vous y verrez une petite chouette. C'est un chemin qui mène jusqu'à notre mascotte, la Chouette de Dijon, incrustée dans le mur de l'Eglise Notre-Dame. Tous les dijonnais, en passant à côté, effectuent le rituel traditionnel : caresser la pierre avec la main gauche, et faire un voeu. Ne vous inquiétez pas, je vous y emmènerai obligatoirement.
Nous descendons la rue de la Liberté, l'artère principale du centre-ville. Tina semble vouloir rapporter de la moutarde en passant devant la boutique Maille, qui propose des petits pots aux goûts rares. Notre chemin continue par la place François Rude, dite aussi place du Carrousel, pour s'achever en beauté place de la Libération, devant notre magnifique Hôtel de Ville. Je les emmène alors dans la petite rue Amiral Roussin, qui apporte une touche à la fois luxueuse et intimiste à notre visite.
Voici enfin le Dionysos, le bar que j'ai ouvert avec Maman il y a de ça vingt-huit ans déjà. C'est un petit repaire planqué pour les vieux fous et les jeunes qui ne le sont pas encore, pour les paumés et les ahuris, pour les bizarres et les abandonnés. Ici, vous ferez la connaissance de mes serveurs, Lulla et Grégoire, des habitués, Léonie, Max, Géraldine, le petit Vincent, les quatre joueurs de carte, et même, le soir, dans le caveau, Daniel le disk-jokey.
Alors, mes amis, qu'est-ce que je peux vous servir ?