Altaïr
| Sujet: Fragment #40 - Et le temps passe, et passe, et passe... 31.01.09 12:43 | |
| Samedi 31 janvier 2009 à Dijon Est-ce qu'elle a changé ? Et moi, est-ce que je suis différent du Lilian qu'elle a connu avant 2005 ? Je n'arrive pas à me décider, je ne sais pas trop quoi porter pour ce soir. Ce n'est qu'un verre de rien du tout entre anciens amis, je ne devrais pas me formaliser pour si peu. Robin n'a pas voulu passer aujourd'hui, je crois qu'il me fait la tête parce que je l'empêche de venir ce soir avec moi. Et je n'ai pas proposé à Déborah de me rendre visite dans l'après-midi car je ne savais pas comment lui parler de Anne. Mes amis, je ne veux pas que vous pensiez que je ne vous aime plus, que vous ne me suffisez plus. C'est juste que Anne a fait partie de ma vie pendant des années et que je voudrais savoir ce qu'elle devient. Rien de plus. Allez, va pour ce pull gris à rayures blanches, va pour ce jean tout simple. Je ne vais pas me casser la tête pour des habits pendant des heures non plus. Florian a été prendre Léa chez Elodie hier soir après sa séance de piscine, et ils sont partis en ballade toute la journée pour profiter de ce beau soleil. Du coup, si je veux voir ma nièce, il faudra que j'aille déjeuner avec eux chez papa et maman demain. Sinon tant pis, ce sera pour dans quinze jours. Je sors de l'appartement et ferme la porte à clé. Je descends les escaliers et passe devant la loge de Madame Richard, la concierge, qui ne m'aime pas beaucoup. Je sors de l'immeuble, traverse la petite allée dans la cour, sors dans la rue du Docteur Chaussier, puis la remonte en direction de la place Darcy. Je vais m'installer sous l'arche de la Porte Guillaume, où des jeunes étranges boivent de la bière, accompagnés par leurs chiens, éclairés par des lumières colorées. Je m'éloigne un peu et marche vers les bacs à fleurs, puis vais flâner à côté du cinéma Darcy. Sur la place, une fille se détache de son groupe de loqueteux et sort des bolas, qu'elle enflamme, puis commence à faire tournoyer autour d'elle. Je la regarde un moment, histoire de destresser un peu. Soudain, je la vois arriver, dans un grand manteau rouge cramoisi, les mains dans les poches, d'une démarche impériale. Elle ne porte plus ses lunettes rondes et a attaché ses longs cheveux bruns en un chignon serré. Anne approche et je l'ai vue, et je sais qu'elle m'a vue, et je ne sais pas où regarder. Si je la fixe le temps qu'elle vienne, j'aurai l'air bête, mais si je regarde ailleurs, elle s'en rendra compte et j'aurai l'air encore plus bête. Du coup, j'alterne entre elle et mes pieds, en jouant à être détendu, ce qui me donne sans doute un air encore plus idiot que ce que je craignais. « Salut, je ne suis pas trop en retard ? - Non, non, j'habite à côté, je viens d'arriver. - Très bien. Tu n'habites plus chez tes parents, alors ? - Non, je me suis installé avec mon frère Julian dans un appart dans la rue du Docteur Chaussier, juste là, il y a un an et demi. Et là j'y vis encore mais avec Florian, mon autre frère. - Hmm, moi j'ai emménagé avec Nino dans une petite maison en dehors de la ville, je pourrais pas supporter le stress et la pollution comme ça. - Nino va bien ? - Oui, mais il pouvait pas venir. - Oh, dommage. Qu'est-ce qu'il fait ? - Il avait une réunion d'affaire avec des collègues. Et puis il n'a pas vraiment digéré le jour où tu lui as dit qu'il avait du courage pour me supporter, alors depuis, il te hait. » Anne me lance cette anecdote à la figure d'un air jovial, avec sa franchise de toujours, qui, comme je le constate, n'a pas changé. Je ne me souvenais pas avoir dit ça à Nino, et quand bien même je l'aurais dit, ça devait être sous le coup de la colère à cause d'une dispute, ou alors pour faire une blague vaseuse. Merde, j'avais quoi, seize ans ? Il me hait juste pour ça ? « Ok, bon, tu veux qu'on aille boire un verre dans quel bar ? - On pourrait aller aux Trois Coups ou au MacCarthy's comme au bon vieux temps, mais bon, ça ferait bizarre. - Oui, c'est vrai. Le Dinabar, ça te va ? - Je ne connais pas. Tu sais avec Nino on ne vient jamais au centre-ville. » Elle commence à m'énerver, avec ses petits principes et sa préciosité. Déjà à l'époque, je me souviens, ce côté déesse printanière anti-civilisation me fatiguait. « Eh bien comme tu veux, je dis. - Allons dans ton « dinébar », c'est très bien. - Dinabar. - Soit. » Le chemin qui nous sépare du Dinabar depuis la place Darcy n'est pas immense, mais lorsque l'on ne trouve rien à se dire, il peut sembler une éternité. Anne finit par me demander, plus pour faire la conversation que par intérêt, ce que je deviens. Je lui explique que je suis en première année de médecine pour la deuxième année consécutive, que je sors avec un garçon depuis plus d'un an, et que, globalement, tout va bien dans ma vie. Anne, elle, est en couple avec Nino depuis la seconde et ils envisagent de se marier. Elle espère toujours de devenir avocate (déjà au collège, elle prenait à coeur son rôle de déléguée et nous défendait au conseil de classe comme dans un tribunal), ce qui ne m'étonne pas. Nino, lui, travaille d'ors et déjà comme stagiaire dans une entreprise de téléphonie. Il passe ses journées à travailler, tant et si bien que Anne ne le voit presque jamais et passe ses journées entièrement seule, dans sa petite maison à l'écart de la ville. Nous évoquons les membres de notre ancien groupe. Aux dernières nouvelles, Sony est monté sur Paris pour faire du mannequinat et il pratique toujours les sports extrêmes. Nino le revoit de temps en temps et ils dînent ensemble sur la capitale, où Sony lui fait découvrir la jet-set et le stupre. Bénédicte fait des études pour devenir assistante sociale : elle est descendue à Lyon et a finalement trouvé l'amour en un vieil homme de quarante-cinq ans. Quant à Aleth, elle poursuit ses études de lettres et une dépression, après un nombre incalculable de tentatives de suicides. Je revois le visage de ces amis perdus. Je les revois, et ils s'effacent, aussitôt. Pourquoi le temps nous a-t-il emporté avec autant de violence ?
Dernière édition par Altaïr le 31.01.09 17:11, édité 1 fois | |
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Tureïs
| Sujet: Re: Fragment #40 - Et le temps passe, et passe, et passe... 31.01.09 15:48 | |
| C'est la vie, tout change... | |
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Alhena
| Sujet: Re: Fragment #40 - Et le temps passe, et passe, et passe... 31.01.09 22:06 | |
| Et hop, un autre fragment-bilan pour Lilian! | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #40 - Et le temps passe, et passe, et passe... 31.01.09 23:43 | |
| Heu bilan non, explication de son passé au lecteur, plutôt. | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #40 - Et le temps passe, et passe, et passe... 01.02.09 15:14 | |
| Le Dinabar c'est trop cher, et cette fille est une pute ! (c'est décidé !) C'est quoi ces gens qui ne supportent pas le modernisme et la technologie ! Roh insupportable ! (Pro en mode sorti de son corps pour voir si quelqu'un d'autre pouvait y entrer : réponse oui^^) | |
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| Sujet: Re: Fragment #40 - Et le temps passe, et passe, et passe... | |
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