Procyon
| Sujet: Fragment #32 - Le temps de partir. Le temps est parti. 12.04.08 1:32 | |
| Vendredi 12 janvier 2007 entre Plombières-lès-Dijon et Samoëns 16h, je sors de cours. Je me dépêche de sortir de cours. Je souhaite un bon week-end à Lilian en le quittant en haut du boulevard. Il me renvoie un « Amuse-toi bien » qui vient du cœur, ça s’entend. Le bus s’arrête enfin à la mairie. Je descends. Marche mes trois cents mètres. Mon père est déjà en train de charger la voiture. Je jette mon sac à dos en bas des escaliers. Et monte chercher celui de voyage. Il est béant en plein milieu de ma chambre. Je quitte ce bleu pour un week-end. J’y jette mon caleçon resté sous l’oreiller ; ma brosse à dents et mon capitaine Haddock que je sors de la poche de mon jean. Je m’y suis énormément attaché à ce petit personnage. 19h30, on est installé tout les trois. Papa au volant ; maman en passager ; moi à l’arrière. Le nez collé contre la vitre j’ai l’impression de partir définitivement. Dans deux jours je serai rentré, ce n’est pas si terrible. J’ai toujours adoré le ski. Mais c’est la première année que j’y vais seul ; qu’on part seulement à trois. Je vais être seul à tenir la chandelle à ce petit couple d’amoureux en plein renouveau. On dirait qu’ils viennent de se rencontrer. Mon amour par ci, mon cœur par là… Le temps s’est arrêté sur eux. Ou plutôt il est revenu à zéro. Le temps où l’on grandissait et où les disputes rythmaient le quotidien est bien loin. Loin derrière. Loin devant. Il file. Mon père en voiture aussi, mais je parlais du temps ; ce malin nous joue constamment des tours. Alors qu’on aimerait qu’un instant dure toujours, il l’emmène loin de nous le plus vite possible. Tandis que là maintenant, non pas que je sois impatient d’arriver, il s’amuse à durer pour le plaisir. Qu’est-ce que je t’ai fait ? Rien bien sûr. O toi Chronos, ne prends pas la peine de me répondre ; j’aime parler seul. Tu seras mon compagnon de route. Pourquoi ai-je peur de toi? Y- a-t-il une raison en particulier ? Je ne crois pas. Tout le monde t’aime bien. Indolent compagnon, tu guéris tous les maux. Tu es l’ami le plus fidèle, accompagnant chacun de nous dans tous les moments difficiles. Pourquoi es-tu toujours ici ? … Qui es-tu réellement ? « Samoëns 1600 ! Nous y sommes » s’exclame une voix paternelle venant nous déranger pour la énième fois. Non, tu n’as pas le droit. Ce sera pour une prochaine fois. Ce fut un plaisir. Mais tu ne perds rien pour attendre. Je sors mon sac de la voiture. La chambre est bleue. J’aurais préféré qu’elle ne le fût. Ça me rappelle que je ne suis pas chez moi. Ça me rappelle que je suis seul. Que j’ai le temps d’être seul. Mais lui n’est plus là… | |
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