Fragment #49 - Anniversaire surprise

Charlie a subi ma curiosité incessante toute la journée. Et maintenant, dans ce pub où ils m'ont emmené, l'Uisge Beatha, c'est Paul que je ne cesse de harceler. Après tout, il est mon neveu, et je veux qu'il me parle de son père, Jules, ce mystérieux demi-frère que le destin a placé sur ma route. Charlie et Steve ont organisé un anniversaire surprise pour moi ce soir. Nous avons mangé chez eux en compagnie de Paul et Emma, Sasha, Cameron et Sara, Frances et Vince. Je me sens chaleureusement entouré par ces gens qui m'ont intégré à leur ville, par leur générosité. Je me sens faire partie de cette famille. J'ai pas vraiment tort, dans le fond, puisqu'ils sont ma véritable famille. Et je me sens bien avec eux.
L'Uisge Beatha, c'est un chouette pub glaswegian. C'est bien plus grand que le Dionysos. Moins intimiste, et pourtant, ça manque pas de chaleur. On y joue des morceaux traditionnel, avec toutes sortes de beaux instruments dont j'ai oublié le nom, mais qui rendent l'endroit magique. Je regarde autour de moi et mes yeux étudient les murs bois et rouges ornés de portraits et de têtes d'animaux. Sur les tables, des bouteilles de whisky vides servent de bougeoirs. Je regarde tout ça et j'écoute Phil, le gars qui gère la session musicale, nous parler dans cette langue dont je comprends presque rien. Je m'imprègne de tout. Dès que je rentrerai en France, je m'inspirerai de ce que j'ai vu ici pour transformer mon bar. Je veux organiser des soirées écossaises, décorer mes propres murs. Un masque africain derrière le comptoir, c'est pas suffisant. Il faut que je ramène des souvenirs d'ici et là pour que le Dionysos prenne vraiment vie, qu'il soit le point de rencontre de tous les voyages. Merde, je vais devenir comme Charly, si ça continue. Je dois avoir ça dans le sang.
On trinque, tous ensemble, à mes cinquante ans. Bon sang, ce qu'ils sont jeunes, tous ! De quoi j'ai l'air moi là au milieu ? Peut-être d'un gars qui a su rester jeune, finalement. Un gars qui continue à profiter de la vie. C'est ça que tu disais, Maman. Rester en vie jusqu'au bout. Et par dessus tout, aimer la vie.
Charlie, Paul, vous m'avez beaucoup parlé de votre père. Mais puisque jamais vous ne pourrez la rencontrer, il faudra que je vous parle un jour de cette femme merveilleuse qu'était Michelle Malvo, votre grand-mère.