Fragment #105 - Mogwai

« Damn ! She shuts off her phone.
- T'espérais quoi en même temps ? Qu'elle soit folle de joie ? Je pense plutôt qu'on est bon pour avoir la gueule pendant une bonne semaine. »
Sean souffle, désespéré. En même temps, se barrer comme on l'a fait, ça m'étonnerait que Claire laisse passer ça tranquille. Elle doit être à l'appart, en train de nous maudire méchamment, à regarder dvd sur dvd. Tant pis. Ca me fait trop plaisir de venir voir Mogwai en concert. Ils passaient pas dans le Nord ou sur Paris, alors bon, décision de dernière minute, on a pris le premier train pour Orléans.
On est pas très loin du premier rang, campé apparemment par quelques gros fans du groupe. Sean n'arrête pas les allers-retours entre la salle et le bar. Il culpabilise quand même pas mal. Ça me fait doucement sourire. Je pense à la vie que va lui faire mener ma sœur en rentrant. Quoique, en y pensant bien, je crois que je vais en prendre pour mon grade aussi. Sean me tend une bière. Il fait super chaud dans la salle. Je descends la bière en quelques secondes. Je regarde l'heure. Vingt-deux heures quarante cinq. Les deux premières parties sont finies et les techniciens sont en train de s'affairer autour de l'ampli de John, qui grésille comme pas possible dés qu'une note est jouée. Autour de nous, des personnes sont déjà bien éméchées, ayant certainement usé d'autres substances avant d'entrer. C'est ce qui m'a toujours un peu embêté dans les concerts de rock, ce besoin quasi systématique de se défoncer pour apprécier un concert.
D'un coup, les lumières s'éteignent, la foule applaudit les membres du groupe qui arrivent chacun leur tour sur scène. Dés les premières notes, je me sens déjà transporté. Yes I am a Long Way From Home et Summer ouvrent le concert. S'en suivent des morceaux du dernier album et d'autres datant déjà de plus de dix ans. Mention spéciale à Like Herod, morceau de près de quinze minutes, oscillant entre rythmes planants et déchaînements de décibels. Je me laisse porter loin, fermant les yeux la plupart du temps. Je me sens bien. Au bout d'une heure et demie, des larsens clôturent le show. La salle se vide vite. Sean et moi traînons un peu. L'hôtel auquel nous sommes descendus est pas loin, et on reprend le train demain vers neuf heures. Il est presque une heure du matin. J'ai une envie furieuse d'entendre Laura. Mais bon, elle doit certainement dormir. Sean laisse un énième message sur le portable de Claire et raccroche. Il se tourne vers moi.
« Let's have a drink. »
Ah pauvre petit Sean.