Fragment #106 - Du nouveau

Je raccroche tout juste mon téléphone fixe lorsque mon portable sonne. En voyant le nom de l'appelant, j'hésite un peu avant de décrocher.
« Salut Jé. Comment ça va ?
- Et toi, ma poule ? Comment vas tu ?
- Bien. On fait aller.
- C'était pas l'anniv' de Sofia hier ?
- Tu peux pas apprendre à fermer ta putain de grande gueule ?
- Ah, t'énerves ma poule. Je faisais discussion.
- Je pensais que si tu m'appelais, c'était parce que tu avais du nouveau à m'apprendre. Alors, viens en aux faits.
- Ok. Bon. Y'a pas que du bon. En fait, y'a rien de bon. Première chose, l'Enfer est toujours en activité.
- J'avais compris par moi-même ça. Quoi d'autre ?
- Rozia a refait surface. »
Un coup de poing à l'estomac. Rozia a refait surface. Les images de cette nuit à l'Enfer ne m'étaient jamais revenues aussi claires. Les morceaux d'os écrasés, la marre de sang qui s'agrandissait autour de son visage, ou plutôt de l'amas de chairs et d'os qui lui servait de visage. Mes mains, écorchées par la violence des coups que j'ai porté. L'odeur métallique de son sang. Son goût dans ma bouche. Il ne respirait plus. Il était impossible qu'il respire encore.
« Dam, t'es toujours là ?
- Vous êtes sûrs de ça ? Je veux dire qu'il est encore en vie ?
- On a pas de preuves visuelles, on sait pas à quoi il ressemble depuis que tu lui as défoncé la tronche...
- Je ne lui ai pas refait le portrait ! Je l'ai tué. Point barre.
- On en sait rien, Dam... Toujours est il qu'on a entendu parler de lui à nouveau. Les écoutes nous ont révélé que ça. Et autre chose.
- Quoi d'autre ?
- On s'avance peut-être mais apparemment, il y aurait comme un genre de groupe qui s'oppose à l'Enfer. Pour l'instant, on a pas grand chose. Ces enculés ne parlent pas beaucoup au téléphone. Sont pas stupides. Ils ont juste fait allusion à une boutique parisienne, une boutique d'antiquité à ce qu'on a cru comprendre. On enquête là dessus.
- Ok. Et sinon, tu as fait ce que je t'avais dit ?
- Ah, ça. Oui, t'inquiète pas. Laura est en sécurité. On a un gars qui surveille chez elle. Mais en dehors de son frère et toi, personne ne vient chez elle. Rassuré ?
- Oui. Ça me va.
- Ok. Je te tiens au courant si on a du nouveau.
- Ok. A plus Jé. Merci encore pour l'appart sur Paris.
- De rien. Je te laisse. A plus ma poule.
- Bye. »