Aldébaran
| Sujet: Fragment # 68 - Du Nouveau 16.04.08 20:32 | |
| Mardi 14 novembre 2006 à Dijon Jon, cela fait quatre mois que je viens à intervalles réguliers chez toi, que je partage tes bras, tes draps, tes douches et tes repas. Quatre mois que je passe certaines nuits dans ton lit, dansant entre tes bras, plusieurs nuits que je reste à ton balcon, regardant les gens dans l’ombre de la nuit, les couples enlacés dans la rue, remontant mon visage vers la lune pâle qui me regarde toujours. Je suis la bête de la nuit. La lune n’est qu’un croissant ce soir et je suis à tes côtés, embrassé contre ton corps dans le froid et la pâle lumière de Séléné. Ma belle lune tu brilles dans le ciel et les étoiles t’accompagnent pour veiller sur moi. Ai-je un ange gardien d’ailleurs ? Là-haut dans les étoiles… Je repense à la boîte vide qui m’attend sous mon lit. Et à la fourche gravée sur son couvercle. Je repense à Nathan. Je repense à Julian. Mon bel homme de la nuit. Le peu de gens qui descendent la rue des Godrans le long des trottoirs. Je me resserre contre toi, mon Jon. « Et si tu venais habiter chez moi ? - Comment ? - Ben, je me disais que cela faisait quatre mois qu’on était ensemble, et tu… - Je pensais exactement à la même chose ! - Et tu pourrais peut-être ramener tes affaires, tu sais ta brosse à dents et tout. » C’est impressionnant. Comment fait-il pour penser à la même chose que moi au même moment ? Il dit y avoir quelque chose entre nous, un lien psychique, quelque chose… Un lien psychique ! Quelles conneries je peux dire en même temps… Non si j’y pensais c’est qu’on venait de discuter. J’en avais marre de retourner à la maison pour faire faire mon linge à papa-maman, prendre deux-trois livres et repartir. Sans que ceux-ci ne posent une seule question. « Et comment j’annonce ça à mes parents ? - Ben je te force pas à faire ton coming-out, je… - Encore heureux, parce que je suis pas du tout prêt… - Mais c’est vrai que j’aurais besoin de t’avoir contre moi tous les soirs, tous les matins, t’embrasser pour te dire bonne nuit, te faire ton café. » Papa, maman, si vous saviez… « Je ne sais pas, si je suis prêt, si… - C’est pas grave, Jed, dès que tu seras prêt, dis-le c’est tout. En attendant, je t’ai presque quatre soir par semaine ça me suffit. » Je l’embrasse. Nous rentrons dans sa chambre. Il ferme la porte-fenêtre derrière moi. Je m’allonge sur son lit. Il m’y suit. | |
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