Antarès
| Sujet: Fragment #29 - Je veux l'aider 11.04.08 11:23 | |
| Samedi 26 mai 2007 à Dijon Je fais face à la porte de l'appartement de Romain. Je jette un coup d'œil rapide à Dimitri. Il ne frappera pas. Mais il est hors de question de faire demi-tour. De toute façon, je sais qu'il n'en a pas envie. Je prend donc une profonde inspiration et frappe à la porte. Un tout petit geste, un doigt qui cogne contre le bois, et pourtant lourd de conséquences pour Dimitri. Pour Dimitri, et donc pour moi. J'aimerais tellement que tout se passe bien. Les secondes passent, pas de réaction de l'autre côté de la porte. Je frappe à nouveau, plus fort. Pas de réponse. Les battements de mon cœur s'accélèrent. Je fixe la porte. S'il te plait ouvre toi. Ouvre toi... Je ne veux pas repartir d'ici sans que Dimitri ait vu son frère. Je veux l'aider. Je ne veux pas échouer. Malheureusement c'est encore le silence qui me répond. Je n'ose pas me retourner vers Dimitri. Si seulement le temps pouvait se figer. Que tout s'arrête. Je ne veux pas affronter les prochaines secondes. Mais le temps file et elles sont déjà là. « Désolée. » C'est tout ce que j'ai trouvé à dire. C'est nul. Tu parles d'une amie. « Dimitri ? Qu'est-ce que tu fous là ? Dégage ! J'veux pas te voir ! » Tout se passe très vite. Le garçon monte les quelques marches qui nous séparent de lui, nous bouscule, puis entre dans son appartement en claquant la porte. Et le silence, à nouveau. Et moi qui reste plantée là, à regarder Dimitri. Vraiment, je me déteste. Je regarde le bus s'éloigner, emportant avec lui Dimitri. J'ai prétexté avoir un truc à faire mais ce n'est pas vrai. La vérité c'est que je ne peux pas rester avec lui car j'ai honte de moi. Je n'ai pas pu l'aider alors que je suis censée être son amie. Je erre dans les rues de Dijon, sans savoir où je vais. La ville est surplombée d'une armée de nuages noirs, chargés d'eau. Comme moi. Je suis chargée d'eau. De l'eau noire qui croupit en mon sein. Il faut qu'elle s'en aille, vite... Aïe. Une goutte de pluie vient de tomber dans mon œil. Tandis que je le frotte, je prend conscience que je ne sais pas du tout où je suis. Peu importe. Je descends la rue en essayant de repérer un bâtiment connu. Je croise très peu de monde. Il faut croire que les gens n'aiment pas la pluie. Soudain, mon attention est captée par ce qui semble être une boutique. Je m'approche, pour mieux voir. Non, ce n'est pas une boutique, c'est un bar. Je lève la tête pour regarder l'enseigne. Le Dionysos. Jamais entendu parler. Je jette un coup d'œil discret à l'intérieur. Des tables rondes éparpillées un peu partout, une odeur de sous-bois, de la chaleur. J'aurais presque envie de rentrer mais... Un petit groupe de jeunes est assis à une des tables. Des gens de mon âge probablement. Ils ont l'air de bien s'amuser. Avant que quelqu'un ne me propose d'entrer, je m'éloigne, les larmes aux yeux. Mieux vaut rentrer à la maison. | |
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