Fragment #60 - Colocation

- L’appartement est vendu. Je récupère mes meubles sous peu.

Nous sommes tranquillement assis dans le salon vide de tout meuble en dehors de cette table et des quatre chaises Ikea qui l’accompagnent. Le parquet en bois clair est jonché de différents livres de philosophie plus abscons les uns que les autres. Ma sœur respire le bien-être et m’a avoué hier être ravie de m’avoir pour colocataire.

- Je pense pouvoir tout mettre dans l'appartement. C’est pourquoi je n’ai rien meublé en dehors des chambres et du strict minimum dans les pièces communes. Ta chambre te plaît ?
- Oui, elle est magnifique. J’adore les tons que tu as choisis.
Je repose ma tasse de thé tandis qu’elle porte la sienne à sa bouche. Elle repose délicatement l’objet sur la table avant de reprendre :
- Tant mieux. Tu sais que tu peux rester autant de temps qu’il te sera nécessaire. Ce n’est pas la place qui manque, donc ne te presse pas.

Un sourire de contentement illumine son visage, qui semble plus léger. Elle a enfin l’air d’avoir vingt-sept ans et non plus la bonne trentaine que je lui donnais lorsqu’elle était mariée. Les plis amers aux coins de sa bouche ont disparu et ses yeux pétillent d’un nouvel éclat.

L’appartement est assez grand pour deux, dans les cent vingt mètres carré et bien agencé. Le salon et la salle à manger, qui ne forment qu’une seule pièce donnent sur la rue, tandis que les chambres et la cuisine donnent sur la cour. De ma chambre, je peux observer la vie de nos voisins.

- Tu commences à chercher un appartement quand ?
- Dès demain.