Fragment #112 - Signes post commotion

« Il se pourrait, Monsieur Den, que vous développiez plusieurs des symptômes post commotion.
- Ah bon ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Maux de tête, nausée, fatigue, troubles de la personnalité. »
Je hausse un sourcil lorsque le médecin me dit ça.
« Ne vous inquiétez pas, vous ne devenez pas fou ou schizophrène. Par troubles de la personnalité, j'entends irritabilité, dépression, anxiété. Risques d'insomnies aussi, ou des difficultés avec les lumières vives.
- Rien que ça ? A part ça, c'est rien qu'une légère commotion. Bref. Je peux rentrer chez moi ?
- J'autorise votre sortie, mais toutefois, je veux vous revoir pour une consultation neurologique dans deux semaines. Un petit check-up de routine.
- Ouais, ouais. C'est bon. Je m'en vais. Pas trop tôt. »
Le médecin se lève et me tend la main. Je lui serre aussitôt. Bon vent. Et à la revoyure.

Il fait doux dehors, et le ciel d'un bleu éclatant. La fin d'un hiver rude. Mais je n'en profite pas vraiment. La commotion m'a laissé un mal de tête dont je n'arrive pas à me débarrasser. Je fais mentalement l'inventaire des symptômes post commotion que m'a cité le médecin avant de sortir et fait une croix à côté de ceux que je ressens actuellement. Maux de tête, une croix. Fatigue, une croix. Nausée, une croix. Difficulté à regarder la lumière..., ouais, on peut faire une croix devant aussi. Irritabilité... ça, ça va.
Sean marche silencieusement à côté de moi. Ça doit pas se voir, mais je suis content qu'il soit là. Il me file mon téléphone que Claire avait embarqué pour le week-end. Je regarde instinctivement si j'ai eu des appels. Un appel de Jé. Et deux appels émis. Deux appels sur le portable de Laura.
« Claire a appelé Laura ?
- Yes. Twice. She called to tell her about you being at er.
- Ah ok. »
Je ne sais pas tellement si Laura en a quelque chose à faire. Lorsque je suis parti, jeudi soir, elle ne semblait toujours pas être passée outre le fait que je m'étais emporté. L'Acide ne m'amène définitivement rien de bon. J'hésite un instant. J'utilise le raccourci pour l'appeler. Ça sonne. Ça sonne encore. Et encore. Messagerie. Je raccroche.
« Tu laisses pas de messages ?
- Non. Je lui parlerai que si elle a envie de me parler.
- T'es en colère avec elle ?
- Non. Mais je sais qu'elle m'en veux et que je lui ai fait peur.
- Peur ? Pourquoi ?
- Je sais pas. Elle s'attendait pas à ça venant de moi. »
On monte tranquille jusque sur le quai du métro, tandis que je lui explique pourquoi j'ai réagi si violemment. Il semble réfléchir puis me regarde.
« Tu sais, si quelqu'un touche à Claire, je le tue. Alors, moi je comprends ton action. »
Ah, Sean. Si t'étais pas là...