Tureïs
| Sujet: Fragment #71 - Tests et pacotilles 13.03.09 2:35 | |
| Vendredi 13 mars 2009 à Paris Le gardien vient de sortir et je me retrouve seul avec Maya. Ma sœur ne devrait pas trop tarder et j’aimerais qu’elle découvre le meuble déjà placé, là où elle l’aurait mis. - Vous le mettriez ou ce meuble ? Je voudrais que ça plaise à ma sœur. - Je ne suis pas décoratrice d'intérieur, et ce n'est pas parce que je suis une femme que je sais pour autant ce qu'elles aiment. La réponse me fait l’effet coup de poing. Depuis que cette fille est arrivée, j’ai l’impression de perdre toute ma bonne humeur acquise au contact de Nicolas. Je ne sais pas comment la prendre, je n’ai pas envie de jouer. J’ai réfléchi à notre rencontre et je sens qu’elle en vaut la peine. - Dommage. Je lui tourne le dos pour cacher ma déception et déplace finalement le cabinet dans un angle de la pièce. Je prends sur moi pour reprendre la conversation, j’ai peur de dire ou de faire quelque chose qui déclencherait une nouvelle agression verbale. Je ne sais pas pourquoi j’insiste, mais cette fille porte en elle une douleur, une colère, qui m’évoque quelque un. Aujourd’hui, avec le recul, j’aurai apprécié que quelqu’un, n’importe qui, m’aide à pardonner, à avancer. - Oui, là je pense que ce sera parfait. Un p'tit jus ça vous dit ? - Un quoi ? Elle m’agace avec son petit jeu, cependant je me contiens. La politesse peut parfois désarmer. - Un café ou un thé, ça vous tente ? - Un thé, je veux bien. Je ressens un soulagement à ce qu’elle accepte. Je suis enfin en terrain connu. Je vais pouvoir jouer mon rôle d’hôte aimable et bienveillant, m’intéresser un peu à elle, être urbain. - Excellent, mettez vous à l’aise, je reviens de suite. Je file à la cuisine et lance la bouilloire pendant que je prépare un plateau : deux tasses, la boite de thé « mariage et frère », du sucre et deux cuillères. Je reviens et dépose le plateau sur la table basse. Maya est assise, elle observait la pièce de son regard qui n’exprime rien. Son visage est un masque sur lequel se lit en permanence le mépris, l’arrogance. La pauvre, elle ne doit susciter que deux choses : l’antipathie ou le désir. - Vous êtes superstitieux ? - Comment ça ? - Heu, je veux juste savoir si vous êtes superstitieux, je vois mal comment reformuler la question plus simplement... Je me sert un thé noir fumé, le temps de réfléchir à sa question. Je n’apprécie pas ce regard qu’elle pose sur moi, j’ai l’impression qu’elle me méprise et qu’elle m’évalue en même temps. C’est très troublant. Une fois de plus, je me demande pourquoi je m’évertue à rester aimable, à essayer de briser sa carapace. - Ah, excusez moi. Non je ne suis pas très superstitieux, mais je crois aux signes tout de même. Je pense que parfois le monde essaye de nous dire des choses. Elle se sert un thé à la cannelle, ses mouvements sont gracieux, félins. Elle me fascine et me révulse : son intelligence, son caractère, son mépris des convenances exercent un attrait indéniable. Pourtant le côté artificielle de la personnalité quelle affiche et présente au monde me répugne. - Ah oui ? Et le fait que nous soyons un vendredi 13, ça vous dit quelque chose ? Cette question me fait rire doucement. Cependant son petit test commence à me fatiguer, je n’ai pas l’habitude de devoir répondre à des questions lorsque j’invite quelqu’un chez moi. Mais elle ignore qu’il existe des tests plus subtils. - A part que ce soit la date du massacre des templiers, je ne vois pas. Elle remue son sachet de thé dans l’eau, comme absorbée par de profondes et importantes pensées. On dirait presque une diseuse de bonne aventure. Cette pensée me fait sourire, m’aide à lui pardonner son comportement malpoli. J’aimerais lui faire voir le ridicule de son attitude, le côté caricaturale qui transparaît par moment, l’inutilité de cette barrière en l’absence de danger. - Hmm. Et le monde, qu'est-ce qu'il essaye de vous dire, la plupart du temps ? - Je ne sais pas, j'y ai été aveugle pendant quelques temps. Mais dans certaines situations, on sent que l'on agit de la bonne manière, qu'on fait ce qu'on était censé faire, que c'est bien. De même, parfois on sent qu'on brise quelque chose, qu'on ne va pas là où on doit aller, qu'on est en contradiction avec le monde. En ce moment, le monde me dit que je suis sur la bonne voie. Mes pensées vont vers Nicolas qui m’accepte tel que je suis, qui me pardonne de l’avoir abandonné. Je suis encore surpris de sa compréhension, de sa générosité. Cette pensé m’aide à avoir l’air inspiré, à tendre un piège caché sous la sincérité Je sens qu’elle m’écoute vraiment, que mes paroles ont un sens pour elle. C’est peut-être l’occasion d’aller plus loin, de développer quelque chose de plus intéressant. - C'est drôle... Je comprends ce que vous voulez dire mais... Je crois que le monde me dit exactement le contraire. - Peut-être que dans ce cas vous devriez l'écouter. On n'a qu'une seule vie. - Peut-être. Le ton est sec, plein de mépris. Les défenses sont au plus haut, je sais que je l’ai perdue, qu’elle ne veut pas entendre ces choses, qu’elle ne veut pas se remettre en cause. Je lance mon dernier atout, j’espère que la curiosité l’emportera sur la peur. Sinon pourquoi serait-elle ici, ai-je imaginé cette proximité entre nous ? - J'ai longtemps marché contre le monde, je puisais ma force dans la colère, le mépris, la haine. Maintenant je me rends compte que j'ai dépensé beaucoup d'énergie a entretenir cette colère, et que je n'y ai rien gagné, que durant tout ce temps je n'ai rien construit de réellement important, je n'ai laissé aucune trace dans ce monde. La réponse tombe comme un couperet : - Si vous le dites. Moi je dois y aller. Mettez le meuble près de la fenêtre, votre soeur préfèrera le voir mis en valeur par la lumière du jour que dans ce coin de pièce un peu trop sombre. Au revoir.
La porte claque derrière elle alors que son thé fume encore sur la table. Cette fille manque vraiment d’éducation, elle devrait apprendre à cacher ses sentiments. Un sourire se dessine sur mes lèvres, malgré moi. Le piège a fonctionné. J’ai appris beaucoup plus de choses sur elle à travers son comportement qu’elle n’en a apprit sur moi, à travers mes réponses. Si elle prend le temps de réfléchir nous nous reverrons. De toute manière, j’ai son numéro de téléphone maintenant… Je regarde la place qu’elle a désigné pour le meuble, effectivement, j’aurai dû m’en rendre compte par moi-même.
Dernière édition par Tureïs le 20.03.09 0:45, édité 2 fois | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #71 - Tests et pacotilles 13.03.09 2:38 | |
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Alhena
| Sujet: Re: Fragment #71 - Tests et pacotilles 14.03.09 19:19 | |
| Moi aussi, mais je pense que tu devrais te relire, il y a encore beaucoup de fautes... Des "s'est" pour "c'est", des infinitifs écrits en passés composés... | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #71 - Tests et pacotilles 14.03.09 22:27 | |
| Et même s'il était long, j'en aurais accepté volontier un peu plus... | |
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Alcor
| Sujet: Re: Fragment #71 - Tests et pacotilles 20.03.09 0:34 | |
| C'est vrai que c'est long mais quand c'est bien, ben on en redemande | |
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| Sujet: Re: Fragment #71 - Tests et pacotilles | |
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