Altaïr
| Sujet: Fragment #56 - Clandestino 14.03.09 14:49 | |
| Vendredi 13 mars 2009 à Dijon Vendredi 13. Pas de chance. Robin ne reviendra pas. Aucun miracle n'aura lieu pour me permettre de retourner dans le temps, afin de défaire ce qui a été fait. Lui dire de rester chez lui, de ne pas monter dans la voiture de Florian. Fuir. Fuir la volonté de Dieu. Résister à Ses projets infinis. Opposer la matière et l'esprit. Mes yeux sont asséchés. Je n'ai plus de larmes à cracher. Ces derniers jours, j'ai passé mon temps à pleurer sans discontinuer. En me réveillant le matin, je me souvenais du fait que l'horreur a bel et bien eu lieu, que ce n'était pas un cauchemar. Et aussitôt, les torrents sillonnaient mes joues. Aujourd'hui, il ne reste que des canyons fantômes et un silence de mort. Je suis seul à l'appartement, et je n'en peux plus de cette putain de solitude, de ce deuil, de ces souvenirs. Je voudrais que les choses s'apaisent et me fassent oublier un peu. Peut-être que je devrais voir des gens ? Peut-être que je devrais sortir un peu ? Oui, mais pour aller où ? Au Dionysos ? Louis m'a dit que je serais le bienvenu, mais je ne suis pas certain de vouloir me confronter à des cohortes de visages compatissants dès mon entrée dans le bar. Je sors de l'appartement. Mes yeux ravagés par le soufre et le sel, rougis et brûlés. Je déambule dans la ville, d'une démarche mécanique et maladroite. Le bruit des voitures m'encercle. Les klaxons et les pneus crissant sur le macadam. Les gens au volant qui s'insultent et téléphonent. Pris de panique, je me mets à courir en direction de la gare. Il y a beaucoup de voyageurs, de valises qui roulent derrière eux. Ils reviennent à Dijon ou repartent, c'est la fin de la semaine. Et si moi aussi je partais ? Et si je quittais cette ville maudite qui m'a trahi ? Je voudrais m'en aller et ne plus jamais remettre les pieds dans tes rues, ville aux Cents Clochers. Tu n'aurais jamais dû briser ma confiance. Tu n'aurais jamais dû me le prendre. Désormais je suis un orphelin, car je n'appartiens plus à aucune ville. Je serai étranger partout. Mon cœur s'est mis à battre très fort, mais je n'y arrive pas. Je ne peux pas partir, tout quitter sans bagages, sans préparation. Je ne peux pas quitter Dijon et mes études, quand bien même cela fait une semaine que je n'ai pas mis les pieds à l'Université de médecine. Je ne peux pas continuer à payer un loyer si je ne vis plus ici. Bon sang, comme est-ce qu'ils font, ces gens, dans les films, pour tout abandonner sans états d'âme ? Comment se refait-on une « nouvelle vie » ? Je voudrais fuir tout ce qui me fait tant souffrir ici, mais j'en suis incapable. Il me semble que je suis trop lâche pour ça. Julian, tu avais donc raison. Ce trait de famille, j'en suis victime tout autant que toi, désormais. | |
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Alhena
| Sujet: Re: Fragment #56 - Clandestino 14.03.09 19:24 | |
| C'est vrai que ça doit être tentant de tout plaquer... | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #56 - Clandestino 14.03.09 22:20 | |
| Ce doit vraiment être affreux de se sentir étranger partout. Parce que le côté exotique du voyage a du bon (et Dieu sait comme j'aimerais partir me promener en ce moment, voyager dcouvrir, etc...), mais il faut quand même un endroit à soi, un endroit où l'on peut poser ses valises. Il s'est perdu, il a perdu son identité avec ses racines. Lilian, réagit, tu ne peux pas te laisser abbatre comme ça. | |
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Alhena
| Sujet: Re: Fragment #56 - Clandestino 15.03.09 2:33 | |
| Ceci dit, on vit aussi assez bien sans un lieu "à soi": ce lieu devient le monde. C'est comme ça pour moi. J'ai un chez-moi dans chaque ville dans laquelle j'ai vécu, car depuis que j'ai 5 ans, je n'ai pas de vrai chez-moi. Pas de drame, juste une séparation parentale. Donc tu ne vis plus "à la maison" mais "chez Papa" ou "chez Maman". Et croyez-moi, mine de rien, y a une différence. Alors, Lilian, n'hésite plus et fais du monde ton foyer!! | |
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| Sujet: Re: Fragment #56 - Clandestino | |
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