Altaïr
| Sujet: Fragment #72 - A votre merci 30.03.09 0:47 | |
| Dimanche 29 mars 2009 à Paris Quelque chose vibre. Tout autour de moi. Un insecte, un scarabée. Non. Mon téléphone. Je l'attrape d'une main, lis le message de Julian. Viens manger à la maison avec nous ce midi, ça nous fera plaisir. 7 rue Oberkampf. Métro Filles du Calvaire, Ligne 8, ou Oberkampf, Lignes 5 et 9. Je passe une main devant mes yeux. Paupières brûlées par le sommeil manquant, gorge sèche, migraine, bouche pâteuse. Je fais glisser ma main sur le drap à le recherche du corps de Nicolas, mais ici, ce n'est pas son lit. J'ouvre grand les yeux. Il fait jour. Et j'ignore où je suis. Je me relève, essaye de reconnaître cette chambre, mais je ne me souviens pas y avoir jamais mis les pieds. Ce n'est pas celle de Nicolas ni celle de Matthieu. Il y a quelque chose qui cloche. Vêtu d'un caleçon, incapable de remettre la main sur mes habits, je sors de la chambre à pas de loup, et me retrouve dans la pièce centrale d'un appartement qui ne m'est pas inconnu. Maël surgit devant moi, torse nu et irradiant une lumière d'or, un grand sourire sur le visage, une cafetière à la main. « Café ? » Je revois la soirée en un éclair, mais ma mémoire lacunaire est entrecoupée de noirs abyssaux. Certains passages me font défaut, et j'ignore comment les choses se sont achevées. Je ne sais même pas si nous avons couché ensemble, mais une gêne saisissante s'empare de moi, d'autant que la vue de cet éphèbe à demi-nu devant moi fait gonfler une érection entre mes jambes dévoilées. Je refuse poliment le café, prétexte une urgence. J'enfile mon pantalon que j'aperçois sur le canapé, des chaussettes, mon tee-shirt et ma veste en jean, mes converses jetées dans l'entrée. L'appartement est splendide et m'effraye tout autant que son hôte. Je cours presque pour fuir aussi vite que possible. Maël me regarde, amusé, sans chercher à me retenir. Il me dit à bientôt, et je réponds en sautant dans l'ascenseur. Dans la rue, le vent frais qui fouette mon visage me rappelle que je ne suis pas lavé et me fait me sentir sale. Je décide de passer par chez Nicolas pour prendre une douche rapide, même si cela m'oblige à faire un long détour. Arrivé devant sa porte, je sonne, mais personne ne me répond. Inquiet, car le temps file à vive allure et j'ai répondu à Julian en disant que je serai là vers midi, je bippe Nicolas. Sans résultat. Je me dirige alors, découragé, vers la porte de Matthieu, qui m'ouvre et me laisse généreusement emprunter sa douche, sans demander d'explication. En échange, il se glisse derrière moi, dans la cabine, sous le jet brûlant, et commence à se frotter contre mon dos. Je le repousse timidement, mais il insiste, me bloque contre la paroi froide, ses muscles bandés dominant mon corps frêle et sans défense. « Quand j'ai envie, tu dois avoir envie aussi. » Je souris, et le laisse entrer en moi sans rien dire. La pénétration non consentie me brûle et je crispe mon visage en espérant qu'il ne prendra pas son temps. Faites qu'il ait bientôt fini, faites qu'il jouisse et que je puisse partir au plus vite... Matthieu me maintient férocement, et savoure sa domination sur moi. Je voudrais que Maël ou Nicolas soient avec moi et m'arrachent de ses bras musculeux, je voudrais me blottir contre leur torse protecteur et fermer les yeux pour ne penser à rien. Ce sauvage sadique me fait peur, et j'en oublie que c'est exactement ce que je cherchais, ce que j'espérais, ce que je fantasmais. Être l'objet sexuel d'un homme qui ne me considère même plus comme un humain, mais comme une simple chose tout juste bonne à donner du plaisir. Je ne pensais pas que ce serait aussi dur, aussi violent, aussi douloureux. Matthieu accélère la cadence, et je me courbe davantage pour mieux le recevoir en moi. Je donnerais n'importe quoi pour un peu de poppers ou d'alcool, histoire de ne plus penser avec une telle clarté, afin d'oublier la précision de cette réalité. Dans les brumes éthérées, je ne suis plus Lilian, je suis un morceau de chair sans âme. Je donnerais tout pour que cette âme fiche le camp et me laisse seul à seul avec mon corps. Matthieu jouit en moi, se retire, jette le préservatif usagé. Puis il ajoute : « Dépêche-toi, tu vas être en retard. T'as pas changé l'heure sur ton portable. » Et mince. | |
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Tureïs
| Sujet: Re: Fragment #72 - A votre merci 30.03.09 1:21 | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #72 - A votre merci 30.03.09 13:43 | |
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Alhena
| Sujet: Re: Fragment #72 - A votre merci 30.03.09 23:58 | |
| C'est triste pour Lilian, mais c'est peut-être ça qui va lui donner l'impulsion pour avancer... | |
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| Sujet: Re: Fragment #72 - A votre merci | |
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