Mercredi 1er Avril 2009
Entre Plombières, Dijon et Paris
13h26. Le soleil se lève encore, et mes yeux se baissent un peu plus ; un peu plus sur les plantes rayonnantes, sur le marbre propre, sur son nom. Mon père est là, enfin ce qu'il en reste, et je le regarde. Ses yeux sortent de la tombe, il me dit qu'il est fier de moi, je frissonne, je l'aime. Papa. Je crois que je l'aime encore. J'espère que je ne l'ai pas oublié, j'espère que le souvenir que j'ai de mon père ne s'est pas altéré, qu'il n'est pas devenu une image fictive qui me plait simplement. J'espère que l'image que j'ai de toi, Papa, n'est pas présente, uniquement pour m'empêcher de garder comme unique souvenir, ta tête au bout de la corde. Je l'ai gardée Papa ; cette cordelette.
Je m'agenouille et caresse la stèle, pour qu'il sente ma présence. Je sais bien qu'il ne sent pas, qu'il ne sait pas, qu'il n'est plus là, qu'il n'est même plus rien ; mais au fond de moi ça me fait du bien de venir le voir de temps à autres.
J'empoigne mon sac en me relevant et sors du cimetière la tête haute, laissant les quelques larmes sur le marbre. Elles partiront avec la prochaine pluie, ou le prochain coup de chiffon de ma mère. D'ailleurs je prends le bus pour aller lui dire au revoir avant de reprendre le train.
Je ne suis plus qu'à quelques dizaines de minutes de TGV de la Gare de Lyon. Je repense à ma mère qui continue d'entretenir et de fleurir continuellement la tombe de mon père. Ça me fait plaisir de savoir que je en suis pas le seul à penser à lui.
Laura n'est pas à l'appart. Elle bosse ? Elle est à Lille ? Aucune idée, de toute façon le frigo est vide, comme d'habitude. Je récupère mon portable j'ai un message de Lilian m'annonçant qu'il est à Paris. Je lui réponds :
Jsuis rvenu sur Paris, ce soir je vais manger avec un pote, et demain je bosse, mais je suis dispo vendrdisamdi et dimanch si tu veux. Tiens moi au courant. Et toi aussi T mon meilleur ami, tu le C. J'ai aussi un message de Maël, me précisant l'heure et le lieu de rendez-vous pour ce soir. Je vais commencer à me préparer si je ne veux pas être en retard. C'est peut-être bizarre de sortir avec ce type, mais je n'ai pas beaucoup d'amis ici sur Paris, et il serait peut-être temps que je commence à me faire d'autres relations que mes frères et mes collègues, si je veux pouvoir m'intégrer pleinement à la vie parisienne. Et puis on s'est bien marré en montant les meubles l'autre jour, le courant passe bien. Il ne remplacera jamais Lilian, c'est sûr, mais il peut devenir un ami. Qu'ai-je à perdre de toute manière ? Il a insisté pour m'inviter.
J'enfile ma veste et prends mes clés. Aucune appréhension, aucune inquiétude, ce diner va bien se passer.