Fragment #108 - Matin difficile

Je me réveille et il est là. Je le sais, sans même avoir ouvert les yeux, sans même avoir touché sa peau. Peut-être est-ce son poids sur le matelas, peut-être est-ce sa respiration lente et profonde, peut-être est-ce l’odeur de sa peau. Je ne sais pas.
J’aime ce silence, j’aime ce moment qu’il ignore et qui n’appartient qu’à moi. Ces instants de sa vie que je vole pour mieux les graver en mon coeur : la courbure de ses cils qui soulignent la finesse de son nez, l’ourlet de ses lèvres pleines et charnues, ses cheveux entremêlés et sa peau douce comme une pêche. Je ne sais pas si je le reverrais un jour aussi abandonné, aussi détendu, près de moi. Tout en lui appelle ma gentillesse, réclame ma tendresse. Il pourrait presque me rendre définitivement bon. Pour lui, je pourrais peut-être croire en l’être humain.
Son souffle chaud se glisse entre ses lèvres, respiration légère du dormeur innocent. Je rapproche mon visage du sien, pour ne plus me tenir qu’à quelques centimètres.
Vois-tu les possibilités qui s’offrent à nous ? Imagines-tu toutes ces choses qu’on pourrait faire ensemble ? Aucunes de ces pensées ne franchira mes lèvres à ton réveil. Tu ne sauras rien des espoirs que je place en toi. Pourquoi ? Parce que j’ai peur. Peur de toi, peur des Hommes, peur de ce monde qui nous rend inhumains, peur de moi.

La douche achève de me réveiller. L’instant magique de ce réveil disparaît avec ton odeur, sous le parfum du produit douche.
Cette nuit, j’ai baisé Lilian. A refaire… Si possible.