Fragment #207 – Sans dire un mot

Lundi 29 juin 2009
à Plombières-les-Dijon

12h24. Deux jours de repos devant moi. Je suis arrivé hier soir après plus de quatre heures de RER, TGV, taxi. Oui taxi, parce que ma mère qui devait venir me chercher n'a pas répondu à mes appels. Quand je suis rentré dans la maison elle sentait le renfermé. Comme le frigo était débranché j'ai supposé qu'elle est partie en vacance. Où ? Et pour combien de temps ?
Et puis du coup il n'y a pas grand chose à manger ; voilà pourquoi j'erre dans les rayons de ce mini-super-marché où il fait suffisamment froid pour que les surgelés ne décongèlent pas, même une fois sortis des congélateurs. Je n'ai pas bien chaud, juste en tee-shirt, pourtant dehors cette tenue suffit amplement. Oh mais c'est « Annabelle ! ».
Elle se retourne.
« Alex, ça va ?
- Oui.
- Qu'est-ce que tu deviens ?
- Ben comme tu le vois je fais les courses, pour ne pas mourir de faim. Sinon là j'arrive au terme de ma formation à la brigade. En tout cas ça y est, j'ai terminé et validé toutes les séquences de formation théorique, il ne me reste plus qu'à conforter mes acquis avec le stage de trois mois en casernement. Je serai à Aubervilliers, c'est un peu la banlieue, mais bon je n'ai pas terminé dans les premiers comme dans l'autre partie de la formation, du coup je n'avais pas autant de choix quant à mon affectation.
- Ok, ok. A plus.
- Euh, oui, salut. »
Je l'ai peut-être un peu saoulée avec ma vie là. Ça craint. En tout cas elle est toujours aussi mignone.
Je repars demain soir pour être opérationnel dès le premier jour de juillet ; alors je n'ai pas besoin de grand chose. Quatre tomates, trois pêches, un comté, des pâtes. Et une grosse baguette de pain. Ça suffira je pense.
Je tourne la clé dans la serrure. Quel imbécile. J'ai oublié de prendre de la nourriture pour le chat.
Après avoir rangé les courses, j’ouvre le placard sous l’évier, il reste quelques croquettes. J’en vide un peu dans la gamelle, puis mets de l’eau dans la seconde partie du récipient. Je me mets en quête de la bête.
De dépit, après une bonne demie heure à tourner, je pose la gamelle au sol, il viendra bien quand il aura faim. Je vais aller me faire bronzer dehors.