Shedar
| Sujet: Fragment #49 – Concours de lâcheté 11.04.08 13:02 | |
| Lundi 17 mars 2008 à Dijon « Alors… Trois cafés... et une grenadine. Pour qui la grenadine ? » Les quatre copines trentenaires se regardent puis éclatent de rire. Ça doit être… je ne sais pas. Ça doit être moi, tout simplement. J’espère juste qu’elles vont me répondre assez rapidement, que je puisse m’éloigner… « Vous vous êtes trompé. C’était trois grenadines et un café, sourit-elle… - Ah. Euh… Désolé, je reviens dans une minute. » En retournant au bar j’entends leurs rires, qui ne sont pas encore morts, puis je croise Lulla, que je ne voulais pas aider comme ça… Louis m’attend avec deux grenadines et un clin d’œil. Que dire… Rien. Je suis déjà reparti… « Stop, arrête-toi. Dis-moi pourquoi tu ne m’as pas appelée. » Envahisseur à l’approche !.. Envahisseur à l’approche !.. Fermeture de toutes les issues !... « Mais arrête d’être tout l’temps comme ça ! Dimitri ! Pourquoi tu dis jamais rien ?! Pourquoi tu m’évites ?! Pourquoi t’évites toujours tout ?! Pourquoi t’es toujours en r’tard ?! Pourquoi t’as jamais trente seconde ?! Pourquoi tu m’as pas appelé ?! Pourquoi t’as toujours une excuse ?!?! » Et toi pourquoi tu ne me laisses pas… Et pourquoi tu n’as toujours pas de chapeau… N’importe quoi. Je garde la tête froide, les mains froides, le regard froid. Le cœur froid. Je résiste à ce concentré de gentillesse gratuitement bête et vide, qui riposte sans relâche… « Dimitri réponds-moi ! » Mais lui répondre… Non. Ce serait trop facile. Alors, qui est le plus lâche… « Tu n’agirais pas comme ça si Michelle était là, n’est-ce pas... Je le sais… Tu n’agirais pas comme ça… » Tricheuse. On n’invoque pas les dieux dans ce combat... Sinon je l’aurais fait avant toi. « Et puis donne-moi ça au lieu de dormir. » Elle se saisit de mon plateau et s’en va servir les clients… Et je reste là comme… Non. Si : comme un con. Elle leur glisse quelques mots avec les grenadines et je récupère quelques rires à peine lointains, à peine retenus. Encore. Peut-être que ces rires-là sont mutants. Qu’ils ne meurent jamais… « Salut p’tit gars !! Tu te souviens de moi ?? » Oui, comment l’oublier. C’est José du bus. L’envie manque mais je parviens quand même à sourire un peu, ne pas vexer sa moustache déjà légendaire… « Bah t’attends quoi ? J’suis pas serveuse moi ! » Elle me plante le plateau dans le ventre avec un terrible « Réveille-toi !! » pour s’assurer que mes mains s’y agrippent le plus fermement possible. Je vais prendre la commande des vieux. Ils posent moins de question qu’elle. | |
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