Shedar
| Sujet: Fragment #50 – A l’Ecole du Passé 11.04.08 13:02 | |
| Mardi 25 mars 2008 à Dijon Michelle revient dans le salon avec une boîte. « Il m’arrivait de vous garder tous les trois, toi, Romain et Ambre. Elle a le même âge que ton frère mais elle préférait jouer à la maman avec toi qu’aux petites voitures avec lui, tu comprends… Puis ta mère vous a repris et je n’avais plus qu’elle. Elle a grandi et moi j’ai vieilli mais on n’a jamais perdu contact. Cette boîte c’est juste pour te montrer la quantité de lettres qu’on s’est échangées pendant toutes ces années. » Ses doigts ridés s’agrippent au coriace couvercle et découvrent un monde à confluence d’encre et de papier. Je tends la main pour en prendre un échantillon mais le couvercle se rabat immédiatement, fermant cette fenêtre en en ouvrant une autre sur le sourire de la petite dame. « Histoires et secrets de filles. Classé confidentiel. » Très bien, très bien… Dans ce silence Michelle commence malgré tout à lâcher quelques morceaux plus ou moins gros, mais rien au sujet d’un éventuel chapeau… Elle dit qu’Ambre était partie, qu’elle était revenue, qu’elle est repartie puis encore revenue, qu’elle mène sa vie comme un voilier, fonction du vent et des gens qui l’attendent sur le quai… Qu’il est peu probable mais pas impossible qu’elle ait parfois eu quelques nouvelles de Romain… Je jaillis d’une léthargique somnolence. Si, j’ai bien entendu. Des nouvelles de Romain. Comprendre : définitivement, arrête de fuir cette fille et va lui parler… Mais si Michelle le sait, pourquoi… « Pourquoi tu ne me dis pas ce que tu sais ?... Puisque tout est écrit dans ces lettres, n’est-ce pas ?... - C’est l’heure d’aller travailler, n’est-ce pas ? » Oui… J’avale mes questions en finissant mon chocolat. Michelle m’accompagne jusqu’à la porte comme une maman son écolier. Son baiser sur mon front, étoile qui protège son passé. Puis ne t’inquiète pas, tout ira bien, sans le moindre mot... D’accord, j’irai lui parler. Dehors l’hiver manifeste son mécontentement par quelques misérables flocons à peine blanchâtres, juste de quoi faire traîner l’équinoxe et irriter le printemps. | |
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