Altaïr
| Sujet: Fragment #40 - Désillusions 16.11.09 1:08 | |
| Mercredi 11 novembre 2009 à Paris Maman et Greg sont avachis comme des ombres sur le canapé, ils ingurgitent les débilités de TF1 comme des oies que l'on gave. Je les déteste de n'avoir plus aucune vie, et de sombrer dans la drogue sans même chercher une issue. Ce qu'ils prennent, on appelle ça de l'héroïne. Ca s'injecte dans le sang, directement, en piquant les veines de l'intérieur du coude. Et ça permet de quitter la réalité. Adva est venue à la maison aujourd'hui, puisque c'est férié et que nous n'avons pas cours. Nous sommes installés dans ma chambre, nos doigts posés sur un verre au centre du plateau où les lettres sont disposées en cercle. Les esprits ne nous disent rien d'intéressant. Ils lancent des malédictions stupides, allant et venant très vite et formant des mots dépourvus de sens. Agacée, Adva renverse le verre pour les libérer. Et moi je crois de moins en moins à toutes ces histoires de spiritisme. La première fois, les esprits se sont trompés : Florian ne vit pas à Paris, mais à Dijon. Et depuis, ils ne m'ont jamais rien appris de nouveau. Lorsqu'on veut une réponse, mieux vaut demander à Wikipédia. Dijon est la capitale de la Bourgogne, une région de province où je n'ai jamais mis les pieds. Sans doute n'y a-t-il pas de mots pour décrire l'étendue de ma déception. Mon père n'est certainement pas le dieu aquatique que j'imaginais et il est peu probable que nous nous rencontrions un jour dans le monde physique. « Tu veux qu'on parte un weekend à Dijon pour le rencontrer ? - Non merci, maman risque de me tuer si je le fugue à nouveau. - Vu son état, on serait rentré avant qu'elle s'en aperçoive... » Adva n'a peut-être pas tort, mais je sens mon coeur se pincer. Maman était si jolie, et sa beauté s'éteint de jour en jour à cause de Greg et de la drogue. Elle oublie de se faire belle en se levant le matin, et plus rien ne semble éclairer sa vie. Apparemment, elle ne va plus au salon de coiffure, et si ce n'est pas déjà fait, son patron finira par la renvoyer. Je sens que le frigo restera vide encore longtemps, et je désespère en pensant à la première rencontre ratée avec mon père. « Ce que j'aimerais le plus au monde, c'est de partir d'ici et de vivre avec lui. - Rien n'est impossible, dit Adva en replaçant les lettres sur le cercle. » | |
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Tureïs
| Sujet: Re: Fragment #40 - Désillusions 20.11.09 23:55 | |
| Lance toi petit Enki, tu verras, tu vas y arriver ! | |
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