Fragment #135 - Cendres et poussières

Ne pas savoir si on nage, si on flotte, si on coule. Est-ce la vie qui nous emporte, nous chavire et nous broie ? Est-ce notre responsabilité si on ne peut assumer, si on ne peut se battre, si le courant est trop fort ?
La réponse, quelle réponse ?
Une boite en bois, quelques vers, c'est la seule que je puisse donner. Cendres, poussières, voilà l'unique destin qu'on soit capable d'appréhender. Une semaine. Déjà. La mort devrait m'être coutumière, et pourtant...
Le vent glacial qui souffle dehors ne saurait se mesurer au blizzard qui ravage mon âme. La tristesse a pris racine dans le terreau de la douleur et féconde l'amertume qui s'étend comme une lèpre. Les minutes s'écoulent comme les heures, sans soubresauts ni saccades, emportant avec elles la raison et l'espoir.
Certains se retournent, se souviennent et sourient, d'autres n'ont rien à quoi se raccrocher. Le fugace bonheur de l'instant ne suffit pas à éclairer le néant de leur vie, l'absence qui se cache derrière la scène de leur l'existence, le vide qui s'étend sous chacun de leurs pas. Alors on court, on cherche. Surtout ne pas être seul, surtout ne pas penser. Ne pas s'arrêter...

Sauf à la fin.