Dimanche 27 décembre 2009
à Plombières les Dijon
18h34. Sur mes genoux Jean-Pierre ronronne tendrement. Je le caresse au rythme du crépitement des flammes dans l’âtre. On dirait qu’ici le temps s’est arrêté. La maison de mon enfance est restée telle qu’elle était. Le feu crépite toujours dans la cheminée, ma mère s’affaire en cuisine pour préparer le repas de ce soir. Une bonne soupe maison.
Noël est passé. Il s’est plutôt bien passé. Mes grands-mères étaient présentent ; mes frères étaient là ; même Laura était avec nous. Il y avait même l’invité surprise qu’on a tous agréablement découvert. Ou redécouvert. Un père Noël qui s’est improvisé père de Noël lors d’un repas. Ma mère a un nouveau compagnon. Je le connais bien. C’est Louis, le patron du Dionysos. Ma sœur aussi le connait, de vue. Mes frères qui n’ont jamais mis les pieds dans ce bar n’avaient aucune idée de qui était ce type. Le courant est vite passé. En tout cas il avait l’air de bien nous connaître. Disons que ma mère a sûrement eu le temps de lui parler de chacun de nous puisqu’ils se fréquentent depuis cet été. Elle voulait être sure de son choix, avant de nous le présenter.
Il est d’ailleurs en train de lire le journal en face de moi. Il me fait penser à mon grand-père du Morvan avec ses chaussons à carreaux. Je le trouve amusant. Il est encore jeune dans sa tête. Bien plus que dans son look.
Trêve de Noël ou pas, personne ne s’est opposé à mon projet, et j’ai eu le soutien de chacun si jamais j’avais besoin d’aide. Je vais pouvoir entamer les formalités. D’autant plus que j’ai reçu hier mon extrait d’acte de naissance que j’avais demandé par Internet sur le site de la mairie de Dijon.
Les murs voudraient me parler, mais ils ne savent que dire, alors j’écoute leur sourire. Je suis content d’être là. Assis sur ce canapé, le même qu’à l’époque ; les pieds sur la table basse, la même qu’à l’époque. Le chat lève la tête, et se retourne dans un à-coup de rein. Je lui gratte le ventre, il me lèche le bras. Sa langue râpeuse me hérisse les poils. Ici le temps s’est arrêté sur le passé, mais tant de choses ont changé.