Jeudi 18 mars 2010
à Kouandé
9h16. Le soleil me tape déjà sur la nuque. J’ai pensé à prendre de la crème solaire, mais ce qu’i m’aurait le plus manqué ce sont les lunettes de soleil si je les avais oubliées.
Je suis dans le trou avec la pelle, Eva, Zambo et Manu font la chaine avec des seaux pour aller vider la terre en dehors du village. Il faut déjà une petite échelle pour qu’ils descendent chercher les seaux. Nous seront tous les quatre jusqu’à mi-Avril. Zambo et Manu sont des enfants du pays. Zambo habite ici avec sa famille, et Manu est né ici, mais il est parti travailler en ville. Il revient ici au régulièrement apparemment -au moins une fois par an- voir ses parents, ses cousins, et ramener un peu d’argent. Quand il a su qu’un puits se construisait il a voulu participer.
Il est bientôt onze heures et demie, je laisse la pelle au fond du puits et je remonte avec un seau. Je meurs de faim. A midi il y a un ragout d’agneau, du manioc, et des morceaux d’un fruit que je ne connais pas en dessert.
Eva mange avec bon appétit. Elle est belle. C’est un peu Sydney Fox l’aventurière, Lara Croft, ou je ne sais quelle autre aventurière. Je dirai que nous avons à peu près le même âge. Elle est restée très évasive quant à sa présentation. Je me souviens encore de l’avoir vu dans la foule de l’aéroport. Elle m’a serrée la main. « Salut moi c’est Eva. »
Et dans le bus, quand je l’ai questionnée sur elle, après qu’elle m’a fait parler de moi je n’ai obtenu qu’un : « J’ai été élevée dans le quatre-vingt-treize, j’arrive directement de Colombie, j’aime les pêches et le chocolat, je ne mets pas de soutien-gorge et j’espère que t’es prêt à bosser dur pour ces gens. C’est tout ce que tu as à savoir sur moi.» Effectivement elle ne mets pas de soutien gorge, et ça je l’avais vu depuis l’aéroport.
J’avais été assez troublé par l’autorité qu’elle avait installé dès le début ; mais je me suis rendu compte qu’au boulot elle aime le travail d’équipe tant qu’on la prend vraiment pour un membre de l’équipe. Elle m’a rembarré au début quand je lui faisais des seaux moins lourds que pour les autres. Pensant bien faire, elle m’a traité de macho parce que soit disant je pense que les femmes sont plus faibles que les hommes.
C’est vrai.
Elle m’intrigue cette fille. Le flou qu’elle a amené avec elle, me donne envie d’en savoir plus. Je la regarde manger. Elle mange avec les doigts et je trouve ça sexy. Pourtant elle est sale, ne porte aucun bijou, et ne sourit même pas à son morceau d’agneau.
J’ai envie d’elle. Et je me dis que c’est naturel. Elle est belle.