Vendredi 2 avril
à Lyon
Je suis chez moi. Je prépare mes affaires pour rentrer ce week end chez mes parents. Comment cela va t’il se passer ? Bien, j’espère. Je vais affronter mes parents pour la première fois depuis ma « crise » de dimanche dernier.
Je repense à Elliott. J’ai hâte de le voir. Mais cette pensée qui lui est entièrement consacrée m’amène à autre chose : Mickaël ou « Mick » et son message d’hier, je ne lui ai pas répondu. Je préfère l’appeler que lui écrire un sms.
- Allô ?
- Salut Mickaël. C’est Gabriel du cocc’trophy. Tu te souviens ?
- Ah ! Gab ! Je suis très content de t’avoir au téléphone. T’imagines pas à quel point ça me fait plaisir. Bien sûr que je me souviens banane ! Tu n’aurais peut être pas pensé à m’appeler si tu n’avais pas eu mon message.
- Oui. Peut être bien. Alors tu es bien remonté ? T’as eu des problèmes avec ta coccinelle ?
- Non c’est allé nickel. Heureusement que mon pilote était là. A deux, on a fait deux sorties de route. Seul, je sais pas comment j’aurais fait pour remonter jusqu’à Beaune.
- Ah ouais, t’as pas fait semblant on dirait ! J’espère que tout va bien du coup pour toi. Tu as bien repris ?
- Oui, un peu dur parce que le Maroc et ce rallye dans le désert c’était super, mais bon faut bien revenir sur Terre !
- A qui le dis-tu !
- Et toi, c’était bien ? Ca s’est bien passé avec Aurore, ta pilote ?
- Ben écoute, oui, à peu près. Je t’avoue qu’elle était un peu fâchée par rapport à toi.
- Ben pourquoi ? Elle sait qu’on a plus ou moins flirté ?
Non mais je rêve ! Alors ça y est, pour lui on a couché. Non mais faut qu’il redescende sur Terre. Il n’y a RIEN eu entre lui et moi. J’étais juste dans ma phase « pourquoi pas les hommes ? » et on a bien parlé de sexe et de relations homosexuelles mais c’est tout. On était peut être un peu trop proche aussi. Mais où parler de ça, à part en s’isolant dans le désert la nuit ? C’était le seul moment où on ne conduisait pas.
C’est vrai qu’avec le recul, je n’aurais pas dit non pour coucher avec ce beau garçon. Mais à l’époque, j’étais avec Emilie et convaincu de mon hétérosexualité.
- On a pas flirté, tu as essayé de m’embrasser, c’est pas la même chose. Et puis, on est resté l’un avec l’autre pendant un bon moment, même si on faisait pas partie du même équipage. C’est mon abandon de la voiture pour la tienne qu’elle a pas supportée.
- Ok. Ecoute, je vais pas y aller par quatre chemins. Je pense beaucoup trop à toi depuis mon retour. Le fait de savoir que tu n’es qu’à Lyon m’aide parce que je sais que si on veut, on peut se revoir facilement. Alors, même si tu es hétéro, sache que si tu as envie d’essayer, je suis ton homme ! Non, plus sérieusement, tu me plais beaucoup. Comme je peux pas être ton petit copain, j’aimerais beaucoup être ton ami.
- Waou. Dit donc, on m’a rarement fait de telle déclaration !
- C’est parce que ça fait un mois déjà qu’on est rentré et l'absence de nouvelles me pèse.
- Tu me flattes beaucoup tu sais ? Je sais pas quoi dire. Je sais, j’ai une bonne nouvelle pour toi, je suis en train de changer de bord. Les hommes m’attirent de plus en plus.
- Quelle bonne nouvelle ! Mais Emilie, tu n’es plus avec elle ? Et par rapport à moi, tu penses quoi ?
Aïe. Je ne sais pas quoi lui dire. C’est sûr que ça me plairait bien, mais il y a Elliott. En même temps, je n’ai pas envie de lui faire trop de peine en lui disant que je suis avec quelqu’un. Et puis je suis très attaché à Elliott.
Je hais ce que je m’apprête à dire. Personne ne devrait entendre ça, ça fait vraiment mal et ça sonne faux. En plus, je n’en pense pas un mot.
- Non je ne suis plus avec elle. Mais même si j'avais une relation à distance avec elle, je ne me sens pas de recommencer comme ça. Tu n’es pas loin mais déjà bien assez pour moi. Tu me plais beaucoup en plus, mais je pourrais pas tenir si je te vois pas plusieurs fois dans la semaine. En plus tu es étudiant à Montbéliard, c’est pas la porte à côté et ça facilite pas la chose. Non je suis désolé ça va pas le faire. Mais je suis pour qu’on reste bons amis !
- Ok, mais si je te plais, pourquoi ne pas en profiter les fois où on se verra ?
Sa proposition est alléchante et j’en ai marre de me braquer. Gab, tu es jeune alors profite de la vie et saute sur toutes les occasions qui se proposent à toi. Dis oui à la vie.
- Oui, pourquoi pas, ça pourrait être sympa.
- Ok, c’est pas ce que je voulais dès le départ mais au moins, j’arrive à un compromis. J’ai des trucs à faire là. Je te rappellerais plus tard. Bisous.
Pas le temps de dire au-revoir, il a déjà raccroché. Je lui ai fait de la peine, je l’ai sentie dans sa voie. Oh merde ! Il est tellement sympa. Il a beau être plus petit que moi, il est très mignon.
Je réalise que je suis en train de penser comme un homo : l'infidélité me pousse dans son camp.
Mais faut dire qu’il est taillé comme un dieu, son petit nez, ses quelques tâches de rousseurs qui lui donnent l’air d’un môme, et puis ses yeux magnifiques. Des petits yeux marron, un regard aguicheur presque toujours affiché, une très légère barbe juste sous les lèvres. Mon dieu, je repense à lui et je chavire. Et si Elliott me voyait ? Que dirait-il ? Non, je ne veux pas qu'il l'apprenne.