Procyon
| Sujet: Fragment #237 – La nuit, les loups 07.04.10 18:50 | |
| Mercredi 7 avril 2010 à Kouandé 21h46.Chacal comme tant d’autres je me suis rapproché de l’épineuse Eva. Son caractère ne s’est pas adouci, toujours piquante, elle sait m’envoyer paître comme personne. Pourtant, être tous les deux dans le désert, liés par le simple fait d’être arrivés ici le même jour, nous a unis. Il y a quelque chose entre nous. Je le sens. Il n’y a pas que son pull contre mon tee-shirt. Il n’y a pas que la bosse dans mon pantalon quand je respire le parfum de ses cheveux. Il y a une chaleur. Une chaleur autre que celle de nos deux corps, autre que celle du feu qui crépite devant nous, autre que celle des villageois accroupis comme nous autour du feu. Elle est adossée contre moi. Mes abdos nous portent tous les deux, mon dos nous supporte, elle me transporte. Je me décide à passer un bras par-dessus son épaule. Elle ne dit rien. Elle fixe toujours le chaman qui raconte l’histoire. C’est l’histoire de l’arrivée de la lumière sur la Terre. C’est très beau, c’est très faux. Je ne dis rien ; je ne veux pas offenser leur culture, mais on n’a jamais vu un animal assez grand pour inonder le monde de lumière rien qu’en ouvrant la gueule. Il aurait fallu qu’il ait avalé un énorme ver luisant ; et puis il devrait avoir mal à la mâchoire depuis le temps. Eva se laisse bercer par la mélodie du conteur. Et moi… Moi je la regarde, furtivement, et faisant mine de ne pas y toucher. J’hésite, et enfin je me décide à poser la main sur son bras. Elle ne bouge pas ; alors au bout de quelques minutes, ma main fait ces va-et-vient que l’on appelle caresse. Caresse sur mon cœur palpitant, caresse près du feu crépitant. Et toutes les têtes se tournent soudainement. Les bouches font des culs de poules en direction des chiens qui se sont mis à aboyer. « Schut » font-ils en cœur. Le chef du village se lève, les chiens se taisent et baissent la tête, penauds, le chef se rassoit, le conteur reprend. Il explique les bienfaits de la lumière pour les hommes. J’apprends les bienfaits du bonheur à mon cœur. Ma main tremblante continue de se balader sur le bras de la belle. Les doigts fébriles de la bête ondulent sur sa peau animale. Elle me dévore le cœur sans le savoir. Elle mord dedans à pleine dents, je la regarde sans aucun remord. | |
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Isis
| Sujet: Re: Fragment #237 – La nuit, les loups 07.04.10 19:26 | |
| Quel Amour joliment dit. J'imagine très bien la scène et ça donne envie d'être autour du feu. | |
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