Fragment #239 – Lave t’en les mains

Vendredi 9 avril 2010
près de Kouandé

15h18. Nous arriverons bientôt dans le petit village où l’effervescence due à notre arrivée se fait déjà sentir. On entend au loin les clameurs des enfants prévenants de notre arrivée. Quatre personnes qui marchent dans le sable, ça ne fait pas de bruit. Quatre personnes qui marchent dans le sable, ça ne lève pas de poussière. Quatre personnes qui marchent dans le sable, même si elles ne se sont pas lavées depuis le matin, ça ne se sent pas de si loin. Je découvre, incrédule une fois de plus, que le sable parle, les cailloux murmurent, les plantes s’agitent, et les enfants comprennent la nature.

Ils sont là, autour de nous, nous sommes le feu de la journée, l’attraction de l’année. Nous avons apporté avec nous les pains de savons que Bertrand nous a apporté hier en fin de journée. Le but de l’après-midi est de réussir à leur faire comprendre qu’il faut utiliser le savon que nous leur apportons, et non pas le garder précieusement. C’est pour ça que nous avons prévu un pain de un kilo par famille. Soit quinze kilos à nous répartir dans les sacs à dos. Il faut l’utiliser non pas parce que c’est une mode européenne de se laver les mains avant les repas, mais parce que pour des raisons d’hygiène et de santé, il vaut mieux avoir les mains propres avant de toucher la nourriture. D’autant plus qu’ici, les fourchettes ça n’existe pas.
Nous avons avec nous des panneaux explicatifs, des affiches que nous tenons puisqu’il n’y a rien pour les accrocher, et les fameux savons qui émerveillent les enfants. Les plus jeunes n’ont jamais vu une telle chose.
Plusieurs ateliers sont organisés. Il y a notamment un atelier où les enfants apprennent qu’il ne faut pas manger le savon. Et un autre atelier où on explique aux mères les réflexes qu’il faut avoir lorsque les enfants veulent porter le savon à la bouche. Il y a un atelier pratique où ils doivent tous se laver les mains après la démonstration. Ils passent chacun leur tour au dessus d’une bassine puisque nous économisons l’eau ; nous leur montrons ainsi que c’est possible de se laver et d’économiser les ressources de la Terre.
J’aime beaucoup le contact avec les enfants, ils me le rendent bien. Mais j’ai toujours dans la tête cette boîte que je n’ai toujours pas eu l’occasion d’aller ouvrir.